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 « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.

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Nienna Selwyn

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MessageSujet: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeJeu 2 Mai - 16:51

« Penses-tu réellement que je devrais aussi y assister ? Tout cela n’est, pour une fois, apparemment pas organisé par ton père, je ne sais pas si ma présence serait apprécier. »

La discussion qu’avait entamée le couple Selwyn en cet instant, tournait autour d’une lettre soigneusement présentée, reçue le matin même par un hibou bien connu de la famille. De son écriture fine, le père de Sahel les conviait à une nouvelle réunion regroupant ceux que l’on pouvait communément appelés les Anciens Mangemorts, ainsi que leurs progénitures respectives, en quelque sorte prêtes à assurer une certaine relève dans la nouvelle société qui se construisait au gré et aux désirs de Maximilian St-Clare, qui partageait les opinions. Assis côte à côte sur le canapé, dans un geste affectueux et tendre, Nienna et son mari jaugeait la lettre du regard, la question de la jeune femme résonnant dans la pièce qui leur servait de salon. L’objet de cette fameuse question, encore ouvert et défait de son cachet rougeâtre, était posé sur la petite table, face à eux. Sahel entourait les épaules de sa femme de son bras, réfléchissant tout autant qu’elle à une réponse correcte bien qu’il la connaissait déjà. Depuis plus de dix ans, elle faisait partie intégrante de la famille Selwyn, n’avait trahi leur honneur et remplissait merveilleusement ses fonctions de femme et mère à la fois. Dès leur première rencontre, bien que tout les opposaient, leur destin avait été entièrement tracé. Il avait cherché. Avait découvert le besoin d’identité de cette fille au cœur meurtri par l’abandon. Il ne l’avait pas de suite séduite. Elle était bien difficile. Bien crue. Bien propre à elle-même. Il l’avait aimé et l’aimait encore.

« Tu es venue toutes les autres fois, tu as ta place. Autant que j’ai la mienne, tu es de la famille et tu as cet honneur d’être la femme la plus respectée de tout ce groupe. Viens. Mon père t’apprécie comme sa propre fille, il ne te laisserait pas sur le côté. »

Si seulement ce n’était qu’une question de rejet. Haussant négligemment les épaules, Nienna savait son devoir d’assister à cette réunion. Mais le visage morose de toutes ces personnes assagis par la défaite et le peu de joie de vivre ne l’enchantait guère. Tournant son visage vers l’homme qui l’accompagnait depuis son adolescence, elle montra l’acceptation de cette invitation d’un sourire timide et enjôleur, de ceux qui plaisaient tant et qui séduisaient n’importe qui connaissait la jeune femme. Posant une main aimante sur celle de son mari, elle se releva et éteignit d’un souffle léger la bougie qui se consumait à sa fin sur le rebord de la fenêtre du salon. Elle appréciait ne pas utiliser la magie pour ces gestes aussi futiles qu’ils n’épuisaient personne, si ce n’est faire preuve de flemmardise. Quittant la pièce, elle allait réapparaître une heure plus tard, vêtue d’une de ces robes qui lui donnait cet esprit sombre et glaciale, une de ces robes qu’elles appréciaient pour tromper ses interlocuteurs quant à sa personnalité. Fin prête.

¤¤¤

Pour une fois, ils n’arrivèrent pas lorsque tous les Anciens Mangemorts se trouvaient être réunis autour d’une table rectangulaire, le visage fermé quant aux paroles d’un d’entre eux. Tout paraissait même différent, un certain esprit convivial régnait dans la pièce qui devait enfermer plus d’une trentaine de personnes, verre à la main. Accrochée au bras de son mari, Nienna observait les alentours d’un air dubitatif, peu encline à entamer une discussion ce soir-là. Sûrement était-ce un de ces « apéros » avant la fameuse table de réunion. Refusant poliment un verre que l’on venait lui apporter, afficher un sourire tout aussi poli lui paraissait être une bonne idée tandis que certains invités venaient à leur rencontre.

« Quelle descendance merveilleuse Selwyn nous a promis là. Ravissante dame, ravie de vous revoir. »

Acceptant de lui donner sa main pour un chaste baiser, elle s’inclina légèrement en guise de remerciement quant à ce compliment que l’on venait de lui adresser. Ne prenant la peine d’y répondre, elle devinait la répartie de son mari, rieur, qui entoura de nouveau comme les quelques heures précédentes, les épaules de sa femme d’un bras imposant et quelque peu intimidant.

« Reste à bonne distance, Dolohov, je te vois venir pour ton fils encore bien jeune afin de penser mariage. »

Esquissant un rire qu’elle ne put s’empêcher de retenir, l’entrevue fut écourtée par ce qu’elle avait deviné une minute plus tôt. Son beau-père apparaissait alors dans l’encadrement d’une seconde porte, les invitant à rejoindre cette pièce qu’il venait d’ouvrir, afin de commencer les discussions. Suivant son mari, comme toujours, elle prit place à celle habituelle, respectant un certain ordre afin que tout se passe dans de bonnes conditions. L’espace était digne de l’image qu’ils reflétaient tous. Sombre. Miséricordieux. Mais fatalement puissant. Les ornements qui recouvraient les murs indiquaient le temps qui s’était écoulé depuis son édifice. Le temps qui était maître de toute une vie. Le temps qui passe. Y compris quand cela semble impossible. Y compris quand chaque tic-tac de la grande aiguille est aussi douloureux que les pulsations du sang sous un hématome. Il s’écoule de manière inégale, rythmé par des embardées étranges et répits soporifiques, mais il passe. Chacun prit place. Chacun observait qui était présent, qui ne l’était pas, qui n’avait envoyé que leurs enfants, qui était sans leurs enfants. Le plus vieux des Selwyn s’écarta du reste de sa famille pour venir présider aux côtés de celui qui avait mis en place tout cet orchestre, presque méprisant et ridicule. Cette même personne caractérisée par ce goût du luxe répondant au nom de Malefoy, lui qui avait encore son fils sur les bancs de l’école de sorcellerie. Tournant son visage vers lui lorsque le silence se fit, Nienna ne cachait son mépris pour cet homme qui traitait sa famille avec si peu de respect.

« Je vous remercie à tous d’avoir accepté mon invitation en ce soir, j’espère vous rendre ce moment agréable, bien qu’il ne le soit déjà. Si j’ai succédé à la place de ce cher Selwyn pour cette fois-ci, c’est qu’il me semblait important que nous… discutions, disons, sur ce gouvernement mis en place et l’échec cuisant de celui-ci quant à l’imposition des Sang-Purs, autant au sein du collège Poudlard que dans la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. »

Un haussement de sourcil indigné devant le peu de modestie de celui qui pensait tout connaître ne passa pas inaperçu de la part de Nienna, préférant encore garder le silence, bien qu’autour d’elle, des murmures de satisfaction et de désapprobation résonnaient déjà. La voix affreusement lente et ronronnante du « président de table » se fit de nouveau entendre.

« Soyons sûrs et clairs, que là n’est pas question d’actions. Juste d’échange sur les idées divergentes que nous pourrions avoir en chacun de nous.
- Es-tu absolument sérieux, Malefoy, de nous avoir tous emmené ici pour un simple débat ? »

Oh, cette femme n’aimait pas qu’on la dérange pour une simple discussion enfantine qui ne mènerait à rien. Tout le monde le savait. Tout le monde attendait la réplique cinglante de cette maitresse de maison.

« Voyons, vous vous y attendiez, peut-être ? Une simple discussion. »

Dans son mouvement circulaire qui balaya la table de son regard, Nienna aperçut Dalaigh. Ses pupilles cillèrent et elle détourna le regard après un bref signe du visage, non surprise de voir ce visage autour de ce bout de bois. Le temps avait aussi simplement fait que les années étaient passées avant aujourd’hui.
Promptement agacée, ses jambes la soulevèrent, seule maintenue debout tandis que tous les autres prenaient leur aise, là, sur ces fauteuils. Oh, elle avait compris. Elle savait pourquoi c’était lui, l’organisateur de cette soirée.

« Nous savons tous ta richesse, ton besoin d’une quête de gloire, de pouvoir et de reconnaissance. Nous n’avions besoin de nous rendre dans ton manoir pour savoir cela, surtout pour une simple discussion aussi stupide que cette soirée. Alors si tu le permets, cela se poursuivra sans moi. »

Le sourire du père Selwyn trahissait son contentement. La chaise déguerpissant à quelques centimètres d’un coup de baguette, Nienna quitta la salle sous les yeux peu étonnés des Anciens et traversa la première pièce qui l’avait accueilli pour profiter du balcon, de l’autre côté de celle-ci. L’air frais lui balayait le visage, faisant danser ses cheveux sur ses épaules à présent voilées d’un sombre châle. Il n’était pas inconnu aux autres le peu de considération qu’elle vouait à Lucius Malefoy, bien que d’autres temps aient montré leur bonne entente. Les lumières des habitations voisines formaient un joli tableau apaisant à observer. Peut-être était-ce qu’il lui fallait. Un peu d’apaisement. Qu’aurait-elle apporté, à rester assise et silencieuse dans cette pièce lugubre ?
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Dalaigh B. McLaughlin

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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeSam 4 Mai - 14:33


    Tu es vraiment obligé d’y aller ? Personne n’est là pour te remplacer, ce soir. Et, Dalaigh, je sais que tu fais confiance à cet homme mais lui donner les clés du cabaret, même pour un soir…

    Tu doutes de moi, Oddie ?

    La jeune femme qui lui faisait face pâlit. Ne jamais contrarier Dalaigh, c’était une question de vie ou de mort. Même pour elle. Elle qu’il connaissait depuis des années, elle qui lui était si proche. Si jamais le patron venait à faire des concessions, il ne serait plus pris au sérieux par ses employés et ses clients, risquant ainsi de perdre énormément de choses. Et cela était tout simplement hors de question. C’était pour cette raison, et uniquement pour cette raison, qu’il se permettait de parler comme cela à son amie. Une de ses rares amies, aurait-il fallu dire.

    Confortablement assis dans un vaste canapé, Dalaigh ne regardait même pas son interlocutrice, se concentrant sur la lettre qu’il venait de recevoir. Un parchemin d’excellente qualité. D’abord, il avait été surpris de voir un hibou inconnu taper contre sa fenêtre. Puis, il l’avait vu. Un sceau rouge, reconnaissable entre mille. Le sceau de Malefoy. Il n’avait pas hésité une seule seconde à laisser entrer la bête dans son appartement, faisant voler plusieurs feuilles suite à un courant d’air imprévu. Et il avait dévoré les mots, comme s’il était la nourriture la plus gouteuse sur terre. Les Malefoy. Un rendez-vous important. Il ne pouvait pas dire non. C’était inconcevable.

    Ce n’est qu’une soirée, Oddie. Je serais vite revenu. Je vous fais confiance, je lui fais confiance. Tout se passera bien. Pour vous, rien ne change si ce n’est votre surveillant.

    Dalaigh se leva prestement, faisant glisser sa cape sur son bras et ajustant sa robe de sorcier. Il n’était pas dans ses habitudes de s’habiller ainsi, pourtant cela avait été une évidence quand il avait compris l’importance de l’événement. Du moins, l’importance que l’on voulait donner à l’événement. Il se dirigea vers la jeune femme, posa un baiser sur son front et lui serra affectueusement la nuque.

    Fait tout de même attention à toi.

    Et il transplana.

    ҉ ҉ ҉

    La salle était déjà pleine lorsqu’il y pénétra. Arrivé devant le manoir, il n’avait pas tardé à passer le portail magique puis à entrer dans l’imposante résidence. Les rires résonnaient, les discussions semblaient amicales mais certaines cessèrent quand Dalaigh entra dans la pièce où ils étaient tous réuni. La réunion n’avait pas encore commencé mais cela ne tarda pas. A peine le temps pour les anciens de dévisager le nouveau venu, plusieurs avec un air choqué, que l’on annonçait le début de la séance. Les places semblaient être connues de tous et chacun s’installa sur un siège dans un ordre bien précis mais qui semblait tout à fait aléatoire. Parfois, les familles se séparaient afin que chaque membre se trouve à l’opposé l’un de l’autre. Parfois, les couples restaient soudés. Un observateur n’ayant pas connaissance des règles auraient pu trouver cela bizarre. Mais Dalaigh trouva sa place sans problème.

    Deux hommes se tenaient en bout de table, droits, fiers, froids. L’un deux avait pourtant l’air plus aimable que l’autre, dur et implacable. Comme sa réputation. Le squelette vivant ne prêta pas grande attention à ceux qui étaient là, à ce qui ne l’étaient pas, à ceux qui n’avaient envoyé que leur fils ou leur gendre. Il préférait se concentrer sur un visage familier qui ne semblait pas le moins du monde ravi d’être présent. Et il la comprenait.

    « Je vous remercie tous d’avoir accepté mon invitation en ce soir, j’espère vous rendre ce moment agréable, bien qu’il ne le soit déjà. Si j’ai succédé à la place de ce cher Selwyn pour cette fois-ci, c’est qu’il me semblait important que nous… discutions, disons, sur ce gouvernement mis en place et l’échec cuisant de celui-ci quant à l’imposition des Sang-Purs, autant au sein du collège Poudlard que dans la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. »

    Un gloussement montait dans la gorge de Dalaigh mais il se contint et garda un visage impassible. Il la connaissait si bien, il savait qu’elle allait réagir. Elle avait beau avoir pris douze ans, s’être mariée et avoir eu un enfant, elle restait toujours la même. Son caractère était connu dans tout Poudlard, lorsqu’ils y étaient, et ce n’était pas pour rien. S’il avait bien retenu une chose, c’était qu’il ne fallait jamais déranger Nienna pour des broutilles. Au risque de voir émerger son côté réprobateur et sa langue de vipère.

    « Soyons sûrs et clairs, que là n’est pas question d’actions. Juste d’échange sur les idées divergentes que nous pourrions avoir en chacun de nous. »

    Es-tu absolument sérieux, Malefoy, de nous avoir tous emmené ici pour un simple débat ? Voyons, vous vous y attendiez, peut-être ? Une simple discussion

    S’adossant plus confortablement à sa chaise, Dalaigh se délectait déjà du spectacle qui allait suivre. Il la connaissait par cœur. D’abord, elle allait monter sur ses grands chevaux, tout en gardant un calme apparent, puis elle choisirait soigneusement ses mots pour déclarer gentiment à tous ces culs pincés qu’elle n’en avait strictement rien à faire de leurs discussions de pacotilles. Et après, si elle faisait vraiment tout cela, elle sortirait car elle ne jugerait pas nécessaire pour elle de rester enfermée dans une salle alors qu’elle pourrait tranquillement aller s’asseoir sur la terrasse et profiter de la température douce, quoiqu’un peu fraiche pour la saison.

    Comme il s’y attendait, la jeune femme se leva, regardant la tablée d’un mouvement circulaire, ne s’arrêtant qu’une seconde sur lui mais lui signifiant qu’elle l’avait vu. Comme si on pouvait le louper, seul squelette vivant dans ce tas de discrets et immobiles morts. Car certains de ces prétendus Mangemorts n’avaient gardé que la dernière particule de leur appellation. Leur notoriété était morte. Leur espoir était mort. Leur hargne était morte. Leur prestige était mort. Leurs familles étaient mortes, peut-être…

    Nous savons tous ta richesse, ton besoin d’une quête de gloire, de pouvoir et de reconnaissance. Nous n’avions besoin de nous rendre dans ton manoir pour savoir cela, surtout pour une simple discussion aussi stupide que cette soirée. Alors si tu le permets, cela se poursuivra sans moi.

    Et voilà, la Nienna qu’il connaissait n’avait pas changé. Tandis qu’elle sortait, discrète et pourtant immanquable, les murmures s’élevèrent, outrés ou consentants. La discussion ne tarda pas à s’enflammer, et, n’écoutant que d’une oreille, Dalaigh s’ennuya rapidement. Les grandes réunions prévues n’étaient en fait que des discussions insignifiantes sur quelque chose dont ils n’avaient de toute façon aucune prise. Se levant en soupirant, l’homme hésita à prendre la parole avant de suivre les pas de son amie mais il se ravisa, se disant que le silence était peut-être plus fort qu’une quelconque parole. Secouant légèrement la tête, un sourire d’une extrême ironie sur le visage, il repoussa sa chaise et sortit. La porte se referma derrière ses talons, sans un bruit.

    Sans se presser et profitant du fait que ses chaussures ne faisaient aucun bruit, il se dirigea vers le balcon qu’il avait entr’aperçu quelques minutes auparavant. Si Nienna n’était pas rentrée directement chez elle, elle se trouverait là. Il en était persuadé. Quand la silhouette féminine se découpa de l’ombre, il s’arrêta et, un sourire discret sur les lèvres, s’appuya contre le cadre de la porte fenêtre.

    Ravie de ton petit éclat ?

    La jeune femme se retourna dans un sursaut et Dalaigh s’approcha d’elle, posant doucement ses lèvres sur la main délicate de son amie. Puis, s’adossant au rebord de pierre, il la regarda longuement avant de reprendre la parole.

    Ça fait longtemps, Nienna. Comment te portes-tu ? Je ne crois pas avoir vu ton fils, dans la salle. Est-il resté bien au chaud, loin de toutes ces soi-disant révoltes contenues ?

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Nienna Selwyn

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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeDim 5 Mai - 8:55


« Ravie de ton petit éclat ? »

L’effet de ce silence brisé fut immédiat et, dans un sursaut qui trahissait sa surprise de n’être plus seule, Nienna se retourna pour dévisager l’objet de sa surprise qui la gratifia d’un léger baiser sur la main avant de prendre place à ses côtés. Elle sentait son regard pesé sur elle tandis qu’elle-même avait abandonné cette vue. Des jours et des jours étaient passés, peut-être même des mois, sans qu’ils ne se soient vus de nouveau depuis leur dernière rencontre. La Divine Comédie laissait à présager un succès fou, selon les rumeurs qui circulaient. En outre, Dalaigh donnait la sensation de s’en sortir, tout comme le nom de son succès, divinement bien. Silencieuse, jugeant pas nécessairement obligatoire de répondre à la remarque enfantine de son compagnon en cet instant, la jeune femme observait les lumières des habitations alentours s’éteindre une à une au fur et à mesure de l’avancée de la nuit. Elle ne savait l’heure qu’il était et peu lui importait. N’était-elle pas soudainement sous bonne compagnie ?

« Ca fait longtemps, Nienna. Comment te portes-tu ? Je ne crois pas avoir vu ton fils, dans la salle. Est-il resté bien au chaud, loin de toutes ces soi-disant révoltes contenues ? »

Elle eut l’impression d’entendre la mère de Sahel, toujours prête à écarter son petit-fils des méandres de ces réunions dont elle considérait qu’il était encore bien trop jeune pour y assister. Et pourtant. Ecartant ses pensées, un sourire vint dessiner ses lèvres. Sans même observer les traits de cette encre si subtile sur sa peau, elle en devinait les moindres détails. Plus jeune, elle se rappelait cette distinction déjà si particulière qui attirait le regard sur lui au sein du château. Ils étaient arrivés en même temps dans les couloirs de Poudlard, ils avaient vécus et vus les mêmes choses, peut-être bien les mêmes angoisses aussi, bien qu’il était sûr que Dalaigh était plus courageux qu’elle. Elle l’avait envié. Envié d’appartenir au rang si singulier des rouges et ors, bien qu’elle se sache complètement différente d’eux. Puis, avouons-le, il avait suscité bien de l’attirance envers les élèves des quatre maisons. Ce fut exceptionnel que les deux jeunes gens se soient liés d’une certaine amitié. Autant lorsqu’on savait leurs divergences qui s’étaient révélées, plus tard, comme des points communs mêlant une certaine force. Ils avaient défié. Lui, s’était surtout imposé.

Puis, leur chemin s’était séparé après l’obtention de leurs ASPIC, lui, lui annonçant son départ pour un voyage dont il ne savait les points d’arrêt et elle, partant s’allier et s’unir au bras de Sahel Selwyn, trouvant enfin cette identité qu’elle recherchait depuis tant d’années. Ce fut à peine s’ils s’étaient dit au revoir. Comme s’ils s’étaient fait la promesse de se retrouver quelques années plus tard. Comme s’ils avaient cette assurance de ne jamais s’oublier. S’abandonner. Ça en était presque ridicule.
Et pourtant, Dalaigh était revenu. Avait fondé son cabaret. Avait construit sa réputation. S’était forgé un cœur. Avait oublié les préjudices et les souvenirs qu’ils avaient souhaité effacer. Et dans le hasard d’une même heure, d’un même endroit et d’un même jour, Nienna et lui s’étaient rencontrés une nouvelle fois, montrant à quel point ils avaient grandis. Son fils tenant sa main d’un doigt, il lui avait fait remarquer la présence de cet homme si singulier, foulant les pavés du Chemin de traverse en quête de l’inconnu. Si son regard n’avait pas été le même, sûrement ne l’aurait-elle pas reconnu. Les mécanismes de ce qui nous maintenait debout couvrant son corps, comme s’il n’avait jamais eu de peau. Impressionnant, mais beau. Grossier, mais subtile à la fois. Enivrant. « Il ne faut pas avoir peur », avait-elle répondu à son fils. Puis dans un sourire, ils s’étaient encore séparés.

« Nous allons dire cela comme ça. »

Une phrase qui signifiait tant de choses.

« Je ne sais pas si tu aurais reconnu Joshua autour de cette table, depuis la dernière fois où nous nous sommes vus, il a bien grandi. A vrai dire, il me dépasse. C’est assez frustrant, quand on sait qu’il ne va faire que sa première année à Poudlard. »

Une manière d’écouler le nombre d’années qui avait marqué l’absence de l’un et de l’autre. La connaissance de la vie de l’un ne s’était faite qu’uniquement grâce aux dires et autres rumeurs des autres. Ils n’avaient jamais vraiment cherché à se contacter volontairement. Nienna se s’était jamais rendue au cabaret qu’animait Dalaigh, non pas par volontariat, elle ne savait trop pourquoi, d’ailleurs. Soyons sûrs qu’ils ne se seraient jamais revus si Sahel ne s’était pas lié d’amitié à ce jeune homme, en découvrant son business. Elle, ne bougeait pas.

« Je n’ai pas tellement changé, je vais… toujours bien. »

N’avait-il pas eu la sensation de la reconnaître, là, devant tout ce beau monde réuni ?
Elle sentait encore la main de son mari retenir la sienne, bien qu’il se sache perdant de ce minuscule combat. Tout le monde connaissait leur union. La singularité de leur famille qui se différenciait par bien des caractéristiques de celles des autres Anciens Mangemorts ou rangs de même catégorie. En tant que femme, s’imposer dans une société d’hommes qui se vouaient uniquement à leur réussite politique était un processus complexe. Intéressant, mais affreusement complexe. La féminité était un élément minoritaire dans ces milieux, bien qu’il s’éclaircisse d’années en années. Lorsqu’elle avait, ne serait-ce qu’avant de l’épouser, rencontrer Sahel, la jeune femme savait le caractère et la personnalité qu’elle se devait de jouer. Tellement joué que ce fut une habitude, et que reprendre sa couverture normale devenait plus difficile que de faire du théâtre.
Sauf, étrangement, avec Dalaigh Bartholomeus McLaughlin. Lui qui, pourtant, ne partageait pas sa vie aussi intensément qu’on laissait à penser. Peut-être que les bancs d’école étaient encore trop présents dans leurs esprits respectifs.

« Et toi donc ? La Divine Comédie donne la sensation de bien fonctionner, avec ce que j’entends. »

Son regard dévia enfin vers ce jeune homme, que, elle se devait de l'avouer, elle appréciait indéfiniment.


Dernière édition par Nienna Selwyn le Mar 30 Juil - 15:58, édité 1 fois
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Dalaigh B. McLaughlin

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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeLun 6 Mai - 11:42


    Après le léger sursaut qui avait secoué son amie, Dalaigh avait eu le plaisir de voir qu’elle reprenait toujours aussi vite ses esprits. Reposant sur son visage le masque impassible qui ne se dérogeait d’habitude jamais, l’homme squelette laissa exploser le sien dans un sourire ravi. Ses vraies dents se dévoilèrent sous celles d’encre et quiconque n’ayant pas été habitué au spectacle aurait probablement eu un haut le cœur. Mais Nienna n’était pas comme les autres. Déjà parce qu’ils se connaissaient depuis les bancs de Poudlard et que, même s’ils ne s’étaient pas revus pendant des années, il y avait toujours eu une sorte… D’alchimie entre eux. Ils ne s’étaient rien dit lorsque les portes de l’école magique s’étaient refermées derrière eux, partants chacun de leurs côtés, n’échangeant qu’un vague regard et un sourire mystérieux. Ils se reverraient. Ils le savaient. Et puis, il fallait aussi probablement prendre en compte le fait que la jeune femme s’était déjà détournée de lui, posant à nouveau son regard sur le tableau que les lumières formaient dans la nuit. Une autre personne qu’elle l’aurait dévisagé une seconde, au moins, mais à peine avait-elle compris qui il était qu’elle s’était habituée à sa présence. Du moins, c’est ce qu’il imaginait.

    Nous allons dire cela comme ça

    Nienna avait toujours été avare de mots, comme de toutes manifestations trop intense d’un quelconque sentiment humain. Pourtant, il savait que derrière ce visage de cire se trouvait une personne au grand cœur, qui avait trouvé sa place au bras de son mari actuel, effaçant toutes traces de cette adolescente renfermée et pataugeant dans sa propre existence. Elle s’était épanouie. Et il en était heureux. Dalaigh n’avait que peu d’amis et ceux qui ne finissaient pas six pieds sous terre méritaient au moins de connaître le bonheur. Quelques temps.

    Je ne sais pas si tu aurais reconnu Joshua autour de cette table, depuis la dernière fois où nous nous sommes vus, il a bien grandi. A vrai dire, il me dépasse. C’est assez frustrant, quand on sait qu’il ne va faire que sa première année à Poudlard.

    Dalaigh hocha la tête. Il était vrai que la dernière fois qu’il avait pu observer le fils de son amie, celui-ci n’était qu’un petit garçon effrayé par son apparence. Sa mère avait dû lui dire qu’il ne devait pas avoir peur avant que Joshua ne parvienne enfin à lever les yeux sur l’apparence dérangeante de l’homme. Et cela, Dalaigh pouvait aisément le concevoir. Il en avait vu pleurer, des enfants qui le dévisageaient avant de prendre peur. Il avait vu des familles entières changer de trottoir juste pour éviter à leurs enfants de passer à côté d’un homme ainsi décoré. Mais quand des personnes choisissaient de lui parler, ils leur arrivaient de découvrir quelqu’un de doux, comme Joshua avait parvenu à le faire. A la grande surprise de Dalaigh.

    Cela fait bien trop longtemps que je n’ai pas pu le voir, je te l’accorde. A vrai dire, je crois que je l’aime bien. Il s’est vite habitué à mon… Apparence. Il faut dire qu’avec une maman pareille, il est si bien élevé que la physionomie n’est qu’un vague détail pour lui.

    Faisant un clin d’œil à son amie, Dalaigh s’attendait là à une réponse digne de la langue de vipère qu’il avait tant admirée à Poudlard. Il ne savait pas s’il y avait matière à répondre ou non mais Nienna avait toujours eu le chic pour trouver une repartie particulièrement sanglante ou doucereuse, et à chaque fois elle mettait dans le mille. Il n’avait aucune idée de comment elle réussissait des exploits pareils alors qu’elle n’avait que seize ans. Lui-même n’y était parvenu qu’à ses vingt-cinq ans et, il faut bien le dire, il avait jalousé son amie à cause de sa répartie naturelle.

    Je n’ai pas tellement changé, je vais… toujours bien.

    En société.

    Nienna avait été élevée selon la même logique que l’homme aux tatouages. Les personnes de sang Pur étaient des personnes supérieures à celles qui étaient nées dans une famille sans magie. Il fallait donc mettre en avant cette différence et ce par tous les moyens. Mais avec discrétion et distinction, bien entendu. Et cela avait commencé par la prestance en public. Il fallait toujours avoir bonne mine, toujours un mot gentil ou une répartie piquante et dissimulée dans un compliment. Ne jamais montrer sa souffrance, ses faiblesses, car les ennemis n’hésiteraient pas à s’en occuper, utilisant les moindres failles pour faire sauter aussi bien les réputations que les faux-semblants, provoquant un véritable raz-de-marée au sein de la bonne société sorcière. Cela était déjà arrivé. Plusieurs fois.

    Et toi donc ? La Divine Comédie donne la sensation de bien fonctionner, avec ce que j’entends.

    Le cabaret fonctionne à merveille, j’en suis ravi. Mes employés sont heureux et ne cherchent pas à travailler ailleurs, ce qui est probablement le mieux pour eux comme pour moi, et je peux donc dire que tout va pour le mieux. Mais il faut que tu viennes le constater par toi-même. Je sais que l’ambiance qui règne entre les murs de la Divine Comédie te plaira. Le chic se lie à la débauche, le tout avec délicatesse et retenue. Du moins, en surface.

    Car si l’on fouillait un peu, c’était une autre histoire… Le regard de Nienna vint enfin se poser sur Dalaigh mais celui-ci avait choisi ce moment précis pour perdre son regard dans le tableau que la jeune femme observait depuis le début de leur conversation. Toutes ces lumières, ces jeux de contrastes et de distances, étaient absolument magnifiques. Peut-être qu'une personne moins passionnée par les comportements humains ne se serait pas perdu avec tant de joie dans un aussi joli spectacle mais le squelette adorait tout ce qui touchait à l'homme, que ce soit les raisons qui poussaient au meurtre, au mariage ou au suicide, en passant par le choix d'un habit, d'un parfum ou d'une posture et même par la position d'une maison et le spectacle que cela offrait aux invités. Revenant sur le balcon du Manoir Malefoy, Dalaigh répondit à Nienna, un sourire flottant sur ses lèvres noircies.

    Mais tu sais tout cela, j’en suis certain. Et il est bien plus intéressant de parler de toi, ma douce. Que peux-tu m’apprendre sur toi que je ne saurais pas déjà ?
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Nienna Selwyn

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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeMar 7 Mai - 9:55

Spoiler:

« Le cabaret fonctionne à merveille, j’en suis ravi. Mes employés sont heureux et ne cherchent pas à travailler ailleurs, ce qui est probablement le mieux pour eux comme pour moi, et je peux donc dire que tout va pour le mieux. Mais il faut que tu viennes le constater par toi-même. Je sais que l’ambiance qui règne entre les murs de la Divine Comédie te plaira. Le chic se lie à la débauche, le tout avec délicatesse et retenue. Du moins, en surface. »

En surface, oui.

Qui ne savait pas, qu’on ait pénétré ou non dans la demeure de la Divine Comédie, ce qui se passait réellement entre ces quatre murs ? Nombre d’hommes s’y étaient rendus, aux yeux et à la barbe de leur conjointe, sachant leur couple indestructible. Peut-être, ailleurs et autrement que cette réputation là, il y avait autre chose, ça, elle ne le savait pas. Las. Subitement, Nienna se trouvait las devant ce paysage qui s’éteignait à chaque habitation plongeant dans le noir au fur et à mesure de l’avancée de la nuit. Le balcon des Malefoy était affreusement long, si elle se décidait à en explorer les moindres recoins, sûrement ferait-elle le tour du manoir. Elle détestait lorsqu’on exposait aussi clairement sa richesse. Aussi impunément et narcissiquement ce que l’on possédait, sans modestie. Au moins son fils ne devrait croiser qu’une année le fils Malefoy, bien qu’elle ne soit pas contre une amitié, s’ils s’avéraient qu’ils s’entendent par le pur des hasards. S’écartant de la barrière de pierre qui délimitait l’espace du balcon après avoir abandonné son regard sur la personne de Dalaigh, la jeune femme recula de quelques pas et croisa ses mains derrière son dos, dans un geste qui lui permit de s’appuyer contre le mur aux côtés de la baie vitrée par laquelle son interlocuteur et elle-même étaient passés. De là où elle se trouvait, Nienna pouvait observer les autres méandres du squelettique aspect humain qu’avait endossé son ami. Seul lui savait pourquoi il avait fait ça. Pourquoi avait-il fait ressortir ce dont nous étions faits, sur sa peau si blanche autrefois. Ce n’avait été, au début, qu’un anneau entre les deux narines. Puis un trait tracé d’un noir de jais indélébile sur sa peau. Puis, un autre, et un autre, et encore un autre. C’était, peut-être, ce que l’on pouvait qualifier de véritablement impressionnant et majestueux, que de sacrifier son corps par l’imposition d’une encre qui ne s’efface pas.

« Mais tu sais tout cela, j’en suis certain. Et il est bien plus intéressant de parler de toi, ma douce. Que peux-tu m’apprendre sur toi que je ne saurais pas déjà ? »

A croire qu’ils avaient été conçus ensemble, élevés ensemble, qu’ils avaient vécus ensemble depuis leur premier souffle. Parfois, c’est ce qu’ils avaient aimé laisser à penser pendant leurs années à l’école de sorcellerie. Leur différence avait été un atout lors des différents cours auxquels ils assistaient ensemble. Elle se rappelait ne pas s’asseoir à la table de cours des Serdaigle mais plus souvent à la table des Gryffondor. Ils en riaient.

« Tu as la réponse à ta question par la fin de celle-ci. Je pense qu’il n’y a rien que tu ne sais pas déjà. »

Subtilement, un sourire vint redresser les commissures de ses lèvres, toujours immobile dans cette position qui ramenait ses mains au creux de ses reins. Peu lui importait qu’il ne la regarde pas, Nienna savait qu’il n’en avait nul besoin pour connaître la moindre de ses mimiques. Une fois, ils s’étaient disputés. Lui, parfaitement en colère contre elle qui se laissait aller dans les bras d’un garçon qu’elle connaissait à peine et qui pourtant, était son ami. Comme une sorte de rempart et de fraternité, ils s’étaient protégés. Complétés. Peut-être même, fusionnés. Un bref retour en arrière dans le vagabondage de son esprit lui remémora les mots qu’il lui avait destinés dans son accès d’énervement, là, dans le parc du château où ils avaient passé tellement de temps.

Flashback.

« L’amour, ça existe sûrement, mais toi tu adhères à cette théorie débile de l’âme sœur. Comme s’il existait une sorte d’emboîtement parfait entre deux individus prédestinés à se rencontrer. Tu crois à cette idée qu’il y aurait sur Terre qu’une seule personne faite pour nous. Comme une sorte de part manquante originelle dont on aurait gardé la marque dans notre chair et dans notre âme. Mais ce n’est rien de tout ça, Nienna, ce n’est en rien du tout réel ! »

Et elle été restée là. Petite fille qu’elle était. Dans ce mutisme qui ne trahissait aucun sentiment, ses yeux pour la première fois embués d’un liquide brûlant, plongés dans ceux resplendissant de rage.

Flasback.


« As-tu trouvé l’amour, Dalaigh ? Ou t’es-tu entêté dans cette théorie débile de l’âme sœur qui n’existe pas ? »

Sûrement se doutait-elle déjà de la réponse qu’il allait lui offrir.
Sûrement se retrouverait-elle surprise.

Un éclat de voix résonnant à l’intérieur du salon indiquait la tournure d’une discussion mouvementée. Si cette conversation continuait dans ce sens, ils ne seraient pas près de rentrer chacun chez eux avant une once de lumière indiquant le prochain levé du jour, l’aube. Elle se devait d’attendre son mari après la petite scène de théâtre qu’elle n’avait pourtant pas orchestré mais exécuté. La fraîcheur qui s’installait petit à petit provoquait un million de petits points de frisson s’immisçant sur son avant-bras, le voile du châle qui recouvrait ses épaules bravant cette brise. D’un un mouvement de baguette circulaire, l’étendu d’un minuscule feu de bois se déposa sur la table ronde sans goût, qui servait à la décoration de ce balcon et diffusa une chaleur agréable, bien que les deux jeunes gens se trouvaient encore dehors. Oh, retourner sur leurs pas et pénétrer de nouveau dans le salon pour s’asseoir sur ce confortable canapé de velours rougeâtre aurait été plus simple, mais la vue était belle, le paysage enivrant de calme et de sérénité. Tout ce qui les représentait en cet instant précis.


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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeMar 7 Mai - 15:44


    Au léger mouvement de ses épaules, Dalaigh su que Nienna affirmait une partie de ses paroles. Enfin, elle était probablement d’accord avec tout ce qu’il avait dit mais une partie spécifique l’avait fait réagir plus que les autres. Était-ce son ajout à la fin de sa tirade ? Certainement. Tout ce qui n’était que surface était familier aux deux amis et ils étaient passés maîtres dans l’art des faux-semblants. Nienna pour sauvegarder les apparences et ainsi, sa famille. Dalaigh pour gérer son cabaret sans que le Ministère ne se mêle de ses affaires d’un peu trop près. Les buts étaient les mêmes, les méthodes utilisées, identiques. Le mouvement n’avait duré qu’une seconde, tout au plus, et pourtant son œil affuté l’avait tout de suite enregistré. Les anciennes habitudes ont la vie dure…

    Toujours face à ce rebord de pierre, il regarda son amie se désintéressé du spectacle qui s’offrait à elle, préférant prendre place à côté de la porte par laquelle ils étaient tous deux arrivés. Les mains dans le dos, dans une position que l’on aurait pu qualifier d’offerte, Nienna laissait planer une ombre de sourire sur son visage, certes plus âgé, mais aussi charmant que la première fois qu’il l’avait vu. Et alors, quelle impression elle lui avait fait… Répondant à la question que son ami lui avait posé, la jolie brune mit fin aux tergiversations internes du squelette sur le tableau qui lui faisait toujours face mais qui perdait de son attrait en même temps qu’il perdait ses lumières. Mais il ne le quitta pour autant pas des yeux.

    Tu as la réponse à ta question par la fin de celle-ci. Je pense qu’il n’y a rien que tu ne sais pas déjà.

    Il la sentit sourire, dans son dos. Il était vrai que les deux personnes avaient été proches, très proches, un certain temps. Il connaissait tout d’elle, elle connaissait tout de lui et aucun secret n’avait jamais été toléré entre eux. Cela aurait comme mentir à la personne de sa famille à laquelle l’on tient le plus. Personne de sa famille… On pouvait presque dire que Nienna avait été la famille de Dalaigh, celui-ci n’ayant pas été très proche de ses parents lorsqu’il était à Poudlard. Père trop pressant, mère trop fuyante ou protectrice… Nienna avait été sa famille. Était encore sa famille.

    As-tu trouvé l’amour, Dalaigh ? Ou t’es-tu entêté dans cette théorie débile de l’âme sœur qui n’existe pas ?

    Flashback

    L’amour, ça existe sûrement, mais toi tu adhères à cette théorie débile de l’âme sœur. Comme s’il existait une sorte d’emboîtement parfait entre deux individus prédestinés à se rencontrer. Tu crois à cette idée qu’il y aurait sur Terre qu’une seule personne faite pour nous. Comme une sorte de part manquante originelle dont on aurait gardé la marque dans notre chair et dans notre âme. Mais ce n’est rien de tout ça, Nienna, ce n’est en rien du tout réel !

    Il avait détourné les talons mais son cœur se déchirait, comme une page arrachée d’un roman par une main jalouse. Il savait qu’il venait de la blesser, profondément. Il savait que ses paroles avaient été comme des poignards dans un cœur si tendre, qui réclamait tant d’amour et d’attention. Il avait peur que, demain, elle l’ignore, mettant fin à leur relation fusionnelle. Il avait peur d’être seul… Mais il avait peur que la candeur de son amie ne lui porte préjudice. Il savait qu’il avait dit cela pour son bien. Et il savait que Nienna, sa petite Nienna, pleurait silencieusement. Car lui aussi sentait des perles se former derrière ses paupières serrées avant de dévaler ses pommettes.

    Flashback

    L’âme sœur n’existe pas. Mais cela ne m’empêche pas de m’être attaché à une femme, quelques temps. Il y a longtemps…

    L’homme avait l’impression que cela faisait une éternité que Selina avait disparu, laissant un vide aussi bien dans son lit que dans son cœur. Il avait encore aujourd’hui l’impression de voir la chevelure corbeau de son amante, lorsqu’il sortait de la douche, les yeux embués par la chaleur. Il lui arrivait de sentir son parfum, au détour d’une rue. Son cœur ratait alors un battement et un espoir fou l’envahissait, lui criant que, peut-être, elle était là, près de lui, prête à reprendre une place dans la vie de ce squelette. Mais à chaque fois, l’illusion s’évanouissait, laissant derrière elle un nuage de « et si » et un homme au cœur meurtri.

    Dans la salle, un éclat de voix retentit, sortant Dalaigh de ses pensées. Ce qui était probablement mieux. La discussion avait de toute évidence prit une tournure conflictuelle et risquait de se prolonger. Un léger vent fit son apparition et il sentit l’afflue magique passer près de lui. Avec un sourire, il regarda la lueur rouge vaciller contre le vent, leur apportant une douce chaleur qui leur manquait un peu, sur ce balcon. L’homme se retourna et, malgré toute sa bonne volonté, espéra ne pas avoir les yeux trop rougis par les souvenirs. Si vraiment Nienna venait à le remarquer, il pouvait toujours mettre ça sur le compte du feu. Mais il savait qu’elle le remarquerait. Et qu’elle ne le croirait pas.

    Elle s’appelait Selina et elle était norvégienne. Mais cela fait dix ans qu’elle a disparu sans laisser de trace et je ne l’ai jamais cherchée. Si elle n’a pas été retrouvée, c’est qu’elle ne le veut pas. Ou qu’elle est morte.

    Le matin de ce mois de janvier, lorsqu'il s'était réveillé avant le soleil, c'était à cause du froid qui l'avait envahi. La place à ses côtés était vide, les affaires de Selina étaient intactes et pourtant, sa présence était indétectable. Que ce soit dans la maison ou aux alentours, le tracé de sa magie était absent. Dalaigh disait vrai. Il ne l'avait jamais cherché. Jamais lui-même. Des connaissances s'en étaient chargées mais, revenant chaque fois les mains vides, il avait laissé tomber, se convainquant que si elle était morte, son corps aurait été aperçu. Ou déclaré. Il s'était alors perdu dans le travail, mettant au point les moindres détails de son cabaret, se lançant à corps perdu des défis impossibles afin de tenir son esprit occupé. Et cela n'avait pas fonctionné. Pas le moins du monde.
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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeJeu 9 Mai - 11:29


« L’âme sœur n’existe pas. Mais cela ne m’empêche pas de m’être attaché à une femme, quelques temps. Il y a longtemps… »

Ainsi restait-il campé sur ses positions qui soutenaient l’absence et l’irréalisme d’une âme sœur. Vraiment, cela ne la surprenait pas. Loin de là. Elle ne pensait pas être la femme ou même simplement l’être qui connaissait le plus au monde Dalaigh, sûrement quelqu’un d’autre se l’était approprié dans toute sa splendeur, peut-être que cette femme à laquelle il faisait référence avait eu cette chance de le côtoyer jusqu’au plus profond de son être. Visiblement, lorsqu’on remarquait les vaisseaux d’une douleur et d’un manque certain se dessiner dans ses yeux, les faisant rougeoyer dans le clair de lune qui les frappait et les éclairait de son faisceau lumineux. Préférant ignorer cette émotion afin de ne pas accentuer un malaise qui se ferait commun, Nienna resta délibérément immobile contre ce mur de pierre, prête à écouter une suite qui ne viendrait peut-être pas. Elle ne savait ce qui pouvait bien se passer dans l’esprit de son compagnon de nuit à ce moment là, tout ce dont elle était sûre était son besoin de silence pour rassembler ses idées qui s’étaient éparpillées dans un sentiment trop vif de douleur ou de souvenirs qui ne se raviveront probablement jamais à ses yeux. Respectant ce besoin dont elle devinait la présence, la jeune femme observait Dalaigh sans retenue, sachant qu’il percevait parfaitement son regard. Peu lui importait, ils n’avaient, normalement, rien à se cacher, rien qui devait susciter la honte envers l’autre. Mais qu’étaient-ils l’un pour l’autre, depuis la fin de leur septième année à Poudlard ? Autant avaient-ils été collés l’un à l’autre comme des jumeaux pendant leurs années d’études, autant étaient-ils devenus de parfaits inconnus lorsqu’ils avaient franchis pour la dernière fois les portes de l’école de sorcellerie d’Angleterre. Et ils ne s’étaient que croisés pendant des promenades ou des chemins qu’ils se devaient d’emprunter pour leurs affaires personnelles. Des affaires personnelles qui avaient bien créées quelques discordes…

Flashback.


Nienna marchait d’un pas actif, claquant les talons de ses chaussures sur les dalles de pierre traçant le chemin de l’allée des Embrumes. Seule. Toujours seule, peu de personnes s’aventuraient à présent entre les vitrines de ses magasins aussi sombres les unes que les autres, si ce n’est une de vos connaissances que vous n’aimeriez croiser. Etant femme, sa présence suscitait des regards curieux et interrogateurs auxquels elle ne prêtait attention, sachant pertinemment l’endroit de sa destination pour ne pas s’attarder à le chercher d’un regard. Dieu que cette allée était longue. Trop longue, assez longue pour qu’une rumeur se propage. Cela faisait à peine deux ans qu’elle s’était unie à Sahel Selwyn, devenant donc un membre à part entière lorsqu’on savait qu’elle porterait son fils et ainsi la descendance de la famille. Mais rien n’y changerait si elle devait se justifier de sa présence en ces lieux maudits par toute la communauté magique.

« Tu ne devrais pas être là, Nienna. »

D’un mouvement qui souleva les volants de sa cape et retira son capuchon de son visage, la dénommée fit volte-face et pointa sa baguette vers la voix masculine qui l’avait interpellé. La vision de l’homme qui l’observait d’un regard sain lui fit louper un battement de cœur. Dieu seul savait depuis combien de temps ils ne s’étaient pas vu exactement. S’ils s’étaient croisés mais délibérément ignorés. Elle avait autre chose à faire que de se perdre dans une discussion qui ne mènerait à rien. Elle avait des comptes à régler au bout de cette ruelle et elle ne comptait pas perdre de temps. Abaissant sa baguette, c’est dans un silence mutin que la jeune femme coiffa de nouveau sa tête de sa capuche et fit demi-tour, pleine d’une rancune qui ne l’avait pas quittée. Peut-être savait-il pourquoi, peut-être ne s’en douterait-il pas. Mais comment ne pouvait-on pas s’en douter lorsqu’on était le coupable de cette rancune ?

« Arrêtes, fais demi-tour, tu sais ce qu’il y a au bout. »

Une main puissante attrapa son bras pour la stopper de nouveau dans sa marche. Ce fut un geste de trop qui, dans ce même mouvement vif que précédemment, expulsa le jeune homme à quelques mètres d’elle. C’était la première fois, la première fois de toute sa vie jusque là, après toutes les années qu’ils avaient partagé, qu’elle utilisait la magie contre lui. Si cela lui serra le cœur, ce fut toujours avec ce regard emplis de colère qu’elle s’approcha délibérément de lui, lui qui ne s’était pas attardé au sol pour venir à nouveau la regarder, plus grand que dans ses souvenirs. Mais il gardait ce silence. Sûrement savait-il.

« Sais-tu, Dalaigh, sais-tu combien de fois j’ai tenté de te joindre ? De t’appeler ? De savoir ce que tu devenais ? Tout ça sans même que tu me répondes ne serait-ce qu’une seule fois ! »

Ce n’était plus la baguette magique de la jeune femme qui le frappait en pleine poitrine, mais ses mains qui restaient indéfiniment celles d’une petite fille. Et pourtant, elle aussi était devenue une adulte.

« Tu n’es même pas venu à mon mariage ! »

Certes, s’étaient-ils quittés sans se dire au revoir. Certes, il avait eu ce besoin de liberté plus qu’elle. Mais Nienna avait pris cela comme un abandon et la rancune lui restait en travers de la gorge, bloquant tous passages qui lui permettraient d’avaler cette haine. Pour la première fois depuis qu’ils s’étaient séparés, des sanglots trahissaient son ressenti, ses sentiments et son désarroi. Elle lui en voulait.

Mais à quoi cela avait-il servi ?
Ce n’est qu’avec le temps qu’elle lui pardonnit.

Flashback.

« Elle s’appelait Selina et elle était norvégienne. Mais cela fait dix ans qu’elle a disparu sans laisser de trace et je ne l’ai jamais cherchée. Si elle n’a pas été retrouvée, c’est qu’elle ne le veut pas. Ou qu’elle est morte. »

Et qu’en pensait-il, lui ? Qu’elle était disparue ou morte ? Il ne donnait l’impression d’espérer quoique ce soit, si ce n’est croiser cette femme à un coin de rue, par l’odeur d’un parfum, par le claquement d’un pas sur la pierre ou par le son d’une voix familière. Lui aussi, restait immobile devant ce paysage qu’il ne contemplait pourtant plus. Nienna se demandait si cette absence n’était pas la raison qui avait construit le cabaret de son ami, La Divine Comédie, si ce manque n’avait pas été cherché à être comblé par ce travail. Elle était sûre de taper dans le mille, comme le disait l’expression. Elle souriait. Elle devinait la souffrance qui s’était immiscée dans la poitrine teintée de Dalaigh. Elle ne souriait pas par sadisme, non. Elle souriait parce qu’il comprenait enfin.

« Tu sais ce que ça fait maintenant alors. »

De tomber amoureux. De te perdre dans le regard d’un être que tu voudrais qu’il t’appartienne corps et âme. De ne vivre que par ce regard et ce corps et de ne voir que cette personne dans ce monde qui t’entoure. Tu sais ce que ça fait à présent. Tu mesures les mots que tu as prononcé à mon encontre lorsque je t’ai fais part de mon amour. Tu comprends. Tu subis.

Quittant ce mur de pierre pour revenir aux côtés de son ami dans une proximité fraternelle, la jeune femme posa une main presque invisible sur l’épaule de Dalaigh, son visage tourné vers le sien et orné d’un sourire enfantin qu’elle n’avait qu’avec lui, elle le savait. Dans ce geste tendre qui leur était rare, elle lui montrait sa présence éternelle à ses côtés, sa confiance et son attention. En ce soir de réunion des Anciens, Dalaigh et Nienna se rencontraient enfin plus de dix minutes, s’apprenaient de nouveau et retrouvaient peut-être leur complicité d’en temps. Elle se rappelait de ce que disait le professeur McGonagall à cette époque là : « De vrais siamois, ces deux là, autant pour les bêtises que pour les compétences magiques. »


Dernière édition par Nienna Selwyn le Mar 30 Juil - 16:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeSam 11 Mai - 11:08


    Tu sais ce que ça fait maintenant alors.

    Flashback

    Les portes de Poudlard se refermaient derrière leurs dos, pour de bon. La valise de Dalaigh était déjà posée dans le train et, debout près de l’entrée du wagon, il attendait que Nienna arrive. En fait, il hésitait entre le bonheur de la voir enfin en dehors de l’école et la tristesse qui l’envahissait quand il songeait qu’ils allaient se quitter. Certes, leur dernière conversation n’avait pas été des plus sympathiques car il l’avait fait pleurer en démolissant ses sentiments avec des paroles de scientifiques, mais elle restait la personne la plus chère à son cœur. Quand sa silhouette fine apparu au loin, il se cacha dans l’ombre de la porte, le souffle court et la poitrine comprimée. Il ne voulait plus la voir… Cela serait trop dur de faire ses adieux. Peut-être s’étaient-ils disputés pour une bonne raison. Peut-être était-ce une bonne façon de dire au revoir. L’adolescent s’assit, dans un coin du wagon qui commençait à se mettre en route pour la gare de Londres. Seul.

    Flashback

    Maintenant je sais. Oui. D’ailleurs, je n’ai jamais eu l’occasion de m’excuser auprès de toi pour… Ce que je t’ai dit. C’était méchant, je n’aurais pas dû m’exprimer ainsi.

    Il avait senti la présence de son amie s’approcher dans son dos et, sans qu’elle n’ait le besoin de la poser, la chaleur de sa main au-dessus de son épaule. Un sourire en coin passa rapidement sur le visage bien changé de l’homme. Ils étaient jeunes, ne savaient pas ni ce qu’ils voulaient ni ce dont ils avaient besoin. Elle lui avait pardonné, il en était sûr. Du moins, elle lui avait pardonné après l’incident de l’Allée des Embrumes.

    Flashback

    Pour une raison connue de lui seul, Dalaigh se trouvait dans l’Allée des Embrumes lorsqu’il vi tune silhouette qui réveilla des images dans son esprit. Intrigué, il avait suivi la femme encapuchonnée, marchant dans ses pas, sans se faire remarquer. Mais, quand des murmures se firent entendre après son passage, il décida qu’il était temps d’intervenir. L’hésitation prenait place dans sa poitrine, comme la dernière fois qu’il l’avait vue. Elle allait le frapper, il le savait bien. Mais il ne pouvait pas la laisser continuer. Pas ici.

    Tu ne devrais pas être là, Nienna.

    Sortant de l’ombre, révélant sa présence et son nouveau visage, Dalaigh ne s’attendait pas à ce que la seule réaction de la femme fut l’ignorance. Car, après un volte-face qui avait confirmé son identité en faisant voler la capuche de sa tête, elle avait simplement pointé sa baguette en sa direction. Et, une fois qu’elle l’avait reconnu, l’avait baissé et avait continué son chemin. Comme si de rien n’était. Comme s’il n’était rien. Comme s’ils ne s’étaient jamais connus. Elle avait recouvert ses cheveux et avait fait demi-tour. Le cœur du squelette avait manqué un battement et il n’avait pas bougé, le temps d’une seconde. Puis il avait tenté de faire ce qu’il avait toujours fait. La protéger. Il l’avait saisie à l’épaule en lui demandant de faire demi-tour. En l’implorant de ne pas y aller. Et, sans qu’il ne comprenne comment, il s’était retrouvé projeté en arrière, comme une poupée de chiffon lancée par une gamine capricieuse.

    Le temps de reprendre ses esprits qu’il était de nouveau sur ses pieds. Le corps et le cœur en miette. Il savait qu’elle lui en voulait, il comprenait. Mais il n’aurait jamais pensé qu’elle utiliserait la magie contre lui. Ils s’étaient promis de ne jamais le faire, à moins que cela ne parte d’une bonne intention. Ils s’étaient promis de ne jamais s’attaquer. Et voilà qu’elle brisait cette promesse, comme il avait brisé son cœur. Droit, tendu, il la regarda marcher vers lui d’un air déterminé. Elle n’avait pas beaucoup changé… Même regard, peut-être plus dur. Même démarche. La haine qu’il lisait sur son visage était cependant bien différente… Jamais il n’avait vu pareille expression sur sa peau, car, bien qu’elle tente de la cacher, elle était très clairement lisible pour qui connaissait la jeune femme. Les poings qui s’abattirent sur sa poitrine étaient petits, pas très puissants mais voulaient tout dire. Il ne broncha pas, n’essaya même pas de l’arrêter.

    Sais-tu, Dalaigh, sais-tu combien de fois j’ai tenté de te joindre ? De t’appeler ? De savoir ce que tu devenais ? Tout ça sans même que tu me répondes ne serait-ce qu’une seule fois !

    Sa bouche s’ouvrit, comme s’il voulait protester, se défendre. Mais il la referma, laissant sa Nienna défouler sa rage contre l’objet qui l’avait fait naître. Des sanglots pointaient dans sa voix quand elle lui fit remarquer qu’il n’était même pas venu à son mariage. Evidemment, il avait été mis au courant. Evidemment, il avait reçu tous les messages de la brune. Evidemment, il savait qu’elle l’avait cherché. Mais il n’y avait jamais répondu. Pour leur bien commun. Il ne voulait pas revenir en étant rien. Il voulait revenir en étant quelqu’un. Et c’était ce qu’il avait fait, se promettant d’appeler Nienna dès qu’il le pourrait. Mais il n’avait pas tenu sa promesse. Il avait vécu en ignorant l’étrange sentiment qui l’habitait lorsqu’il la croisait dans la rue, se cachant dans un recoin comme il l’avait fait lors de leur dernière année.

    Je suis désolé.

    Ses bras se refermèrent autour du corps de son amie, la tenant serrée contre sa poitrine, posant son menton sur le sommet du crâne brun. Il espérait de tout son cœur que Nienna ne le repousserait pas et resterait ainsi jusqu’à ce qu’elle soit calmée. Il ne se rappelait plus si cela c’était passé de cette manière mais, quand elle s’était reculée, les yeux rougis et le visage déterminé, elle l’avait giflé. Et il avait eu mal. Était-ce à ce moment qu’elle était partie ? Il ne s’en rappelait plus. Il ne lui en avait pas voulu, avait même été heureux qu’elle soit au courant de son retour. Mais sa joue cuisante lui rappelait le mal qu’il avait eu à la quitter, autant que le mal que cela lui faisait de la voir partir sans se retourner.

    Flashback

    Je n’ai jamais osé te demander… Qu’as-tu fait lorsque tu es arrivée à Londres et que tu ne m’y as pas vu ? Et ne me frappe pas à nouveau, s’il te plait. Tu as de la force…
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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeLun 13 Mai - 13:37


Maintenant je sais. Oui. D’ailleurs, je n’ai jamais eu l’occasion de m’excuser auprès de toi pour… Ce que je t’ai dit. C’était méchant, je n’aurais pas dû m’exprimer ainsi.

C’était sincère sur le moment, pensa-t-elle silencieusement. Elle ne lui en voulait pas, non, lorsqu’ils s’étaient rendus dans le parc du château après qu’elle le lui a demandé pour lui dire qu’elle partirait avec Sahel Selwyn, elle savait qu’il y avait une chance sur deux pour que cela blesse son ami, celui qu’elle considérait comme le frère qu’elle n’avait jamais eu. Sûrement l’avait-il pris comme un abandon, ce pourquoi les phrases cinglantes qu’il avait prononcées avaient résonné dans le vide du parc qu’il appréciait plus en hiver que lorsque le soleil se pointait. Elle ne lui en avait pas voulu, mais savait qu’à partir de ce moment-là, leur vie ne se construirait plus seulement et uniquement sur leur amitié. Qu’ils ne se fréquenteraient sûrement plus. A ce moment-là, jamais l’avenir ne lui avait paru aussi incertain envers eux. Ce jour là, Dalaigh et Nienna étaient à l’aube de leur départ pour Londres. Leurs projets d’avenir étaient maintenant douteux, étaient suspendus dans le temps. Et ils étaient là, l’un dans une colère monstre tandis que l’autre s’affaissait sous ses paroles. Comment aurait-elle pu lui en vouloir ? Ils n’avaient que dix-sept ans. Ils étaient au début de ce que représentait le monde adulte. Ils ne savaient même pas ce à quoi ils voulaient occuper leur vie respective.

Toujours la main délicatement soutenue par l’épaule du jeune homme, ses pensées prirent possession de son esprit à un tel point qu’elles la replongèrent dans une mémoire profondément enfouie.

Flashback.

Leur dispute n’avait pas fait le tour du château, comme pouvaient le faire celles des autres élèves. Non, ils étaient restés discret et souffraient en silence du ressenti de chacun. Ils avaient passé le petit-déjeuner à ne pas s’accorder un seul regard comme leur habitude le voulait. Ils ne s’étaient pas rejoints dans un couloir du château pour parier sur une rumeur qui faisait bruit, l’un la jugeant véridique tandis que l’autre niait tout en bloc alors qu’il n’en avait pas la moindre preuve, n’y croyant simplement pas. Ils n’avaient pas ris d’une phrase atypique de leur professeur, ils ne s’étaient pas assis à la même table pour les cours de la matinée, ce qui avait tant bien que mal attisé de la curiosité. Ils auraient du prendre à nouveau possession du lac dans le parc, pour parler, se disputer, s’aimer et se chamailler. Mais ils ne le firent pas. Ils firent mine de boucler leur valise et partirent chacun de leurs côtés pour le Poudlard Express.
Là, Nienna avait espéré le voir, détourner son attention pour qu’ils rejoignent le même compartiment. L’idée de quitter le château avec l’incertitude de ne plus jamais croisé Dalaigh alors qu’ils avaient partagé l’intégralité de leurs moments au château, que ce soit tristesse, joie, bonheur, malheur, déception, allégresse, amour, amitié, trahison, haine, rage, espoir, que ce soit n’importe quel sentiment qu’il était possible d’avoir dans cette école, lui déchirait le cœur. Elle ne voulait pas partir. Pas comme ça. Pas sans lui.

« Excuse-moi, tu n’as pas vu Dalaigh ?
- Non, il a disparu depuis le départ au château. »

Disparu. Comment pouvait-on disparaître ? Ces réponses l’agaçaient. Mais elle continuait de marcher, le long du quai, guettant la moindre personne familière au visage de son compagnon dans un compartiment. Merlin seul savait ce qu’elle avait pu accumuler toutes ses années, sa malle trainant derrière elle, à peine capable de la soulever. Elle cherchait, cherchait, cherchait inlassablement. Jusqu’à ce qu’elle se rende à une évidence certaine. Il ne la cherchait pas, lui. Sinon, il serait là. Il ne la cherchait pas. Il devait probablement s’être dissimulé dans un des compartiments avec des gens qu’il n’aurait jamais fréquenté auparavant. Il ne la cherchait pas. Ne l’attendait pas. Alors pourquoi devrait-elle le faire, elle ?

« Nienna, viens, nous n’allons pas tarder à partir. »

Sahel observait son visage perdu. Il attrapa sa malle et la hissa dans le wagon, la mettant elle ne savait où. Cela lui importait peu puisqu’elle repartirait avec lui. Un coup d’œil circulaire lui indiquait que Dalaigh ne se souciait toujours pas de savoir où est-ce qu’elle pouvait bien se trouver, bien qu’il doive s’en douter. Comme toujours. Attrapant la main de Sahel pour se hisser sur les marches du wagon, Nienna disparu dans un des compartiments regroupant, pour la plupart, des Serpentard. Elle n’avait personnes d’autres à voir que Dalaigh, mais ils ne partageaient visiblement pas la même idée.

Flashback.


Je n’ai jamais osé te demander… Qu’as-tu fait lorsque tu es arrivée à Londres et que tu ne m’y as pas vu ? Et ne me frappe pas à nouveau, s’il te plait. Tu as de la force…

Qu’avait-elle fait ? Que n’avait-elle pas fait, plutôt. Un sourire traversa ses lèvres à la remarque qui suivait la question, délicate. Le père de Sahel les attendait un sourire aux lèvres de voir que son fils avait décidé de s’unir à une femme de Sang Pur, de construire leur descendance avec une femme qui respecterait et qui n’aimerait que leur famille, et pour cause. La jeune femme se revoyait promettre à son petit-ami de revenir dans quelques minutes, l’embrasser délicatement et chastement sur les lèvres avant de refermer la porte du compartiment et d’explorer les autres d’un coup d’œil discret. Puis elle s’était ravisée. Avait fais demi-tour après avoir pris quelques sucreries sur le chariot pour les partager avec ses amis.

« J’ai fais comme toi, Dalaigh, je suis partie. »

Soyons réalistes. Tous deux n’avaient pas regardé au-dessus de leur épaule, tous deux n’avait pas fait marche arrière et ne s’était pas soucié de savoir si l’un ou l’autre avait fait un bon chemin.  Ils avaient pris chacun leur route respective et avait commencé leur vie.

Le moment où Nienna avait sûrement le plus souffert de son absence était lorsque les préparatifs du mariage avaient débutés. Robe, menu du dîner, manière d’ouverture des festivités, endroit, heure, désirs, abstinence. Mais surtout invités. L’hésitation d’écrire son nom sur le carton d’invitation. Mais l’envie de le voir.

Si seulement.

Sa main ne se délogeait pas de son épaule. Elle appréciait la chaleur qui dégageait de son corps bien qu’il faisait un froid bien présent depuis que la nuit tombait sur la ville. Elle appréciait ce contact.

Elle appréciait l’avoir plus d’une heure à ses côtés, sans qu’il ne s’en aille ou qu’elle ne s’enfuie.


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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeJeu 16 Mai - 15:24


    Dans son dos, la présence sourit. La main toujours délicatement posée sur son épaule, Dalaigh se sentait revenir au début de leur amitié. Les galères oubliées, les disputes effacées et les prises de tête au placard. Pour la soirée, tout du moins. Était-ce sa remarque sur la force de son amie qui l’avait fait sourire ? Il ne le savait pas mais ne voyait pas d’autres explications. Et puis, Nienna était bien le genre de personne à prendre cela pour un compliment plutôt que pour un reproche. Pas que c’en soit un, loin de là, mais pour la femme au grand caractère, tout était un compliment, si on le prenait dans le sens qui nous arrangeait. Cela avait sauvé plusieurs fois la mise de l’homme aux tatouages…

    Flashback

    Selina, ce n’était pas un reproche ! Je te promets que cette coiffure est très belle, bien qu’elle te vieillisse de dix ans.

    Dix ans ?! Rien que ça !

    La jeune femme tournait les talons, les mains faisant des gestes incompréhensibles aux yeux de son compagnon. Il avait noté que beaucoup de femmes, plus ou moins jeunes, faisaient ce genre de choses quand elles étaient exaspérées. Un peu au-dessus des épaules, agitées comme si elles cherchaient à chasser une mouche, le tout avec le regard levé au ciel. Elles ressemblaient un peu à des hystériques cherchant à retrouver leur calme passif grâce à un mouvement connu d’elles seules. Saisissant sa belle par les épaules, Dalaigh l’attira contre lui, en lui cachant les yeux contre son cou. Elle se calme immédiatement et il reprit la parole, après s’être assuré de ne pas recevoir de coups en ceinturant la noiraude, discrètement.

    Cela a beau de vieillir de dix ans, ton charme augmente de même. Tu es magnifique.

    Flashback

    J’ai fait comme toi, Dalaigh, je suis partie.

    Un sourire triste passa comme une ombre sur le visage marqué de noir. Lui n’était pas parti, pas tout de suite. Il avait juste fait en sorte de ne pas croiser Nienna par inadvertance, allant dans le seul magasin dans lequel elle ne mettrait jamais les pieds et ce, pour rien au monde. Ses yeux s’étaient d’ailleurs arrondis en voyant les étalages remplis d’objets vibrants réservés à la gente féminine, à moins d’adhérer à des tendances dépravées et dégoutantes. Passant dans les rayons, mal à l’aise, il avait compté les secondes, devinant les mouvements de son amie, regardant avec une curiosité qui lui semblait répugnante les couvertures de ce que les Moldus appelaient des DVD. Les titres évocateurs le laissaient perplexe et, une fois certain que la Serdaigle avait bien quitté la gare de Londres, était sorti précipitamment du magasin spécialisé, portant le doux nom de « Tout ce qui vibre ».

    Je ne suis pas parti. Je t’ai vu quitter la gare et ensuite, je suis parti. Je voulais m’assurer… Que tu étais entre de bonnes mains.

    Il les avait vus monter dans la voiture, après un temps d’hésitation de la part de la jolie brune. Elle avait à peine dix-huit ans, à l’époque. Il se rappelait de la peur qu’il avait eue quand elle lui avait annoncé vouloir se marier avec Selwyn. Sa famille avait bonne réputation dans les hautes sphères de la société sorcière mais Dalaigh doutait de la force qu’avait son amie. Il la connaissait par cœur, savait à quel point elle était prête à tout quand il s’agissait de se trouver une place. Mais les Selwyn étaient aussi réputé pour être sans pitié envers ceux qui fléchissaient. Nienna fléchirait-elle ? Le temps lui avait donné la réponse. Et dans la manière qu’elle avait eu de quitter cette salle, l’ancienne Serdaigle lui avait prouvé qu’elle s’était approprié le rôle qu’on lui avait demandé de jouer, et qu’elle le maniait à la perfection, se fondant en lui comme s’il avait été vrai.

    Dois-tu obligatoirement attendre ton mari ou me laisserait-il t’emmener dans mon antre, une autre fois ? Je pourrais également venir chez toi, cela me ravirait de voir Joshua. S’il te ressemble, il doit être magnifique.

    Un petit rire échappa au squelette.

    Pas que Sahel ne soit pas charmant, il n’est…. Pas mon style.

    Les deux jeunes gens avaient souvent discuté de ce qu’ils devraient faire s’ils se retrouveraient dans une situation gênante et, bien malgré lui, Dalaigh avait évoqué le problème qu’était l’homosexualité. Rebuté à l’idée de se trouver un jour dans le même lit qu’un homme, il avait bien été forcé de reconnaître qu’après une soirée quelque peu trop arrosé, il était possible que cela arrive. Et le débat s’était enflammé, le mettant mal à l’aise. Finalement, il ne se rappelait plus si Nienna était du même avis que lui mais la conclusion avait été que, si par hasard cela devait se produire, que cela soit pour lui ou pour elle, ils se tiendraient au courant et feraient tout pour étouffer l’affaire. Dans un flash de souvenirs, Dalaigh se rappela de Chess, de son corps androgyne et sans âge, de ses longs cheveux blonds, de ses traits féminins et de son absence de poitrine. Que savait-il vraiment de cet homme hors du commun ? Peut-être Nienna avait-elle en sa possession des informations qui lui avait échappé.

    Connais-tu un homme répondant au nom de Chess Hatefull ? Il a un physique des plus particuliers, au premier abord j’ai cru qu’il était une femme. Cela te dit-il quelque chose ?

    Flashback

    Musique assourdissante.
    Lumières diffuses.
    Corps enlacés.
    Souffles emmêlés.
    Mains brûlant d’une fièvre ardente.
    Lèvres avides.
    Discussions et rires étouffés.
    Présence rassurante.
    Questionnement déroutant.
    Peau blanche contre peau noire.
    N’avaient-ils formé qu’un ?
    Sensations électrisantes.
    Saccades.

    Flashback

    Inspirant profondément, affirmant son appui sur le mur de pierre, Dalaigh reprit contenance, enfermant à nouveaux ces images enivrantes dans un recoin de son esprit. Chess n’était venu qu’une fois au cabaret. Une seule et unique fois. Mémorable. Peut-être reviendrait-il, peut-être cette expérience serait sans renouvellement. Mais l’homme aux tatouages ne regrettait rien. Pour rien au monde il n’effacerait cette soirée, ces rires et ces silences. Il se rendit compte que sa tête était rentrée dans ses épaules, comme s’il tentait de se protéger de coups que l’on assénerait sur son crâne. Les jambes écartées, l’une plus en avant que l’autre, les mains toujours accrochées à cette pierre, il ressemblait certainement à quelqu’un prit d’un malaise. Se redressant, il continua son questionnement, comme si rien de tout cela n’était arrivé.

    Si c’est le cas, que sais-tu de lui ?
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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeDim 19 Mai - 10:11


Je ne suis pas parti. Je t’ai vu quitter la gare et ensuite, je suis parti. Je voulais m’assurer… Que tu étais entre de bonnes mains.

Qu’elle était entre de bonnes mains ? Se moquait-il d’elle ? Il avait méprisé Sahel autant qu’il ne l’avait apprécié ensuite, lors de leurs suivantes rencontres. Elle, avait été trop aveugle pour le remarquer dans un recoin, comme à son habitude lorsqu’il souhaitait observer en toute discrétion. Elle n’avait pas eu l’idée d’approfondir son regard circulaire qui avait balayé la gare, croisant des visages et des yeux curieux pour certains, déçus pour d’autres, qu’elle n’aurait jamais voulu voir. Beaucoup la jugeait. D’autres l’enviaient. Certains la détestaient. Nienna se fichait de tout ce monde en ce moment même, tout ce qu’il l’importait était lui. Lui, mais il n’était pas là. Il ne s’offrait pas à sa vue, en tout cas. Ce qui l’avait poussé à entrer dans cette voiture et à oublier les méandres de son âme en peine dans la conversation qui l’avait plongé dans une autre vie avec celui qui partageait dorénavant entièrement sa vie et pour qui elle devait montrer sa force.

Dois-tu obligatoirement attendre ton mari ou me laisserait-il t’emmener dans mon antre, une autre fois ? Je pourrais également venir chez toi, cela me ravirait de voir Joshua. S’il te ressemble, il doit être magnifique.

Un léger rire s’échappa d’entre les lèvres de la jeune femme qui s’amusait toujours de l’art de son ami à glisser des compliments dans une phrase aussi banale. Il avait toujours eu ce don, à ce qui lui semblait. Il était vrai qu’elle serait ravie de quitter ce balcon, cet endroit, et de virer ailleurs pour une soirée dont elle avait rêvé, désiré et attendue depuis longtemps. Décidément, sa main ne quittait pas l’épaule de Dalaigh, trop heureuse de l’avoir à ses côtés, en chair et en os. Et accessoirement en encre. Une pensée qui la fit rire intérieurement, jurant contre son esprit et ses idées tordues. Oh, Joshua n’était sûrement pas à la maison. Il ne s’en doutait pas, mais elle connaissait ses virées nocturnes lorsque ses parents étaient absents et veillait, sans le lui interdire, qu’il ne lui arrive rien. Un jour, il paierait de sa bêtise et de ses mensonges, il fallait bien qu’il apprenne de ses erreurs. Il n’y avait que de cette manière-là que l’on apprenait la vie, selon elle. Son père n’était pas au courant, et elle pensait fortement que ce serait lui le prix à payer lorsqu’il découvrira ce que son fils s’amusait à faire en leur absence. Généralement, il ne se rendait pas dans des endroits insalubres pour se donner à des activités peu sages, non, il faisait comme ses parents et se faisait maître d’un petit groupe d’enfants qu’il avait connu et avec qui il allait bientôt partager les rangs de Poudlard. Il s’assurait une place. Il se voulait au sommet d’une hiérarchie, par peur de perdre. Une idée qui faisait bien sourire Nienna puisqu’elle savait que Joshua respectait les valeurs humaines que ses parents s’entêtaient à lui enseigner. Il était encore bien trop jeune pour comprendre ce monde. Il s’en rendrait compte et changerait du tout au tout au moment venu. Au fur et à mesure.

[color:e6ac=40A250]Pas que Sahel ne soit pas charmant, il n’est…. Pas mon style.

Flashback.

« Franchement, pourquoi tu ne l’apprécies pas ? »

Calmement, dans la bibliothèque du château, seul refuge que les deux adolescents avaient trouvé pour discuter en paix, Nienna tentait de comprendre pourquoi Dalaigh se montrait distant envers elle depuis quelques jours.

« Pas que Sahel ne soit pas charmant, il n’est… Pas mon style.
- Je ne t’ai pas demandé de coucher avec lui. »

Un murmure de désapprobation devant une discussion aussi juvénile les avait sortis de leurs pensées lorsque la bibliothécaire passa près d’eux. Ignorant délibérément celle-ci, Nienna fit en sorte d’attirer de nouveau l’attention de son ami en posant violemment une main sur les parchemins qu’il grattait depuis le début. Depuis presque une semaine, après que la relation entre Sahel Selwyn et elle avait été dévoilée dans les couloirs du château, le jeune homme prenait soin de rejoindre ses camarades de maison, abandonnant certains de leurs rituels qui avaient caractérisé leur amitié. Plus les jours avaient passé, plus la brunette se sentait exaspérée et en colère, à tel point qu’ils s’étaient retrouvés ici.

Dorénavant, à son grand damne,  Dalaigh était obligé de la regarder de ses prunelles.

« Tu es comme mon frère, Dalaigh. Je ne remettrai jamais en question notre amitié pour un amour quelconque. »

Quelconque, tout était relatif. Mais elle savait avoir adopté les bons mots.

Flashback.


Connais-tu un homme répondant au nom de Chess Hatefull ? Il a un physique des plus particuliers, au premier abord j’ai cru qu’il était une femme. Cela te dit-il quelque chose ?

Ce fut instinctif, plus fort qu’elle. La main qu’elle avait si délicatement posée sur l’épaule de son ami quitta celle-ci, ses pas l’emmenant quelques centimètres en arrière. Etait-il possible que Dalaigh et lui se connaissent ? Oh, elle ne le connaissait que de vu. Mais c’était amplement suffisant pour elle. Lui demandait-il ce qu’elle savait de lui parce qu’il savait son art à chiner et à fouiller pour avoir la moindre connaissance ? Elle ne voulait rien. Rien savoir de lui. Le simple fait de le tenir à distance de sa famille était une épreuve, bien qu’il doive s’en foutre complètement. Cependant, elle devinait le peu d’innocence dans la voix de son acolyte et préférait tout de même garder le silence, malgré son geste qui l’avait probablement trahi. Elle attendait plus. Elle savait qu’il y avait plus. Mais il ne lui dit pas.

Si c’est le cas, que sais-tu de lui ?

Rien. Rien, rien, rien. Lentement, Nienna retrouvait son calme intérieur. Aborder le sujet de cet androgyne était particulièrement délicat pour elle. Il était tout ce dont elle avait peur. Il représentait tout ce qu’elle détestait en ce monde, pour elle. Il n’était pas humain. Elle savait qu’il n’était pas vraiment humain. Pas vraiment sorcier, non plus. Que dire ?

« Aux dernières nouvelles, il serait mort, mais j’en doute. Sinon, je ne sais rien, si ce n’est que tu ne devrais pas t’approcher de lui. S’il te plaît. »

Ce n’était pas une simple demande. C’était une supplication qui se trahissait dans le tremblement de sa voix. Elle savait que Dalaigh se débrouillerait sûrement et était suffisamment fort. Mais non. Elle ne voulait pas.

« Tu as raison, partons. Ce n’est plus un endroit pour parler. »

Passant la limite de la baie vitrée, Nienna écarta d’un geste de la main l’elfe de maison qui se précipitait vers eux et se dirigea vers la porte. L’endroit lui était devenu insupportable. L’air frais qui pourtant était le même que sur le balcon sur lequel ils se trouvaient depuis une heure déjà, lui fit un bien fou. Cela la détendit. Et elle se trouvait maintenant plus ouverte à une discussion délicate. Elle se décidait à lui avouer son malaise.

« Je n’aime pas cet homme. Il ne m’inspire pas confiance pour le peu de fois où j’ai croisé son chemin. Qu’as-tu avec lui ? »

Il savait qu’elle n’appréciait pas le mensonge.


Dernière édition par Nienna Selwyn le Mar 30 Juil - 16:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeLun 27 Mai - 14:59


    Pas que Sahel ne soit pas charmant, il n’est…. Pas mon style.

    La phrase sonna comme une résonnance venue du passée.

    Flashback

    La bibliothèque du Château leur servait de refuge, la plupart du temps. Les autres endroits n’étaient pas aussi calmes, il y avait trop de passage, trop de recoins dans lesquels des personnes mal intentionnées pouvaient se cacher et répéter plus tard le moindre mot de ce dont ils avaient parlé. Et aucun d’entre eux ne voulait que cela arrive. Leurs conversations étaient normales, la plupart du temps, et il leur arrivait même d’utiliser des codes lorsqu’un sujet un peu plus sensible était évoqué. Mais il arrivait parfois que les mots leur échappent, comme cela avait été le cas lorsque Dalaigh avait annoncé ne pas trouver Sahel à son goût.

    Je ne t’ai pas demandé de coucher avec lui.

    La réplique n’avait pas tardé, sortie tout droit du cœur comme on le dit. Un instant choqué par l’idée même de ce que son amie énonçait, le garçon se figea avant de reprendre contenance lorsque des murmures s’élevèrent autour d’eux. Même ici, les oreilles trainaient partout… Un soupire lui échappa et, passant une main lasse sur son visage, il sursauta quand Nienna abattit sa main sur le parchemin recouvert d’une écriture fine et penchée. Il releva lentement les yeux sur elle. Il avait fait tant d’effort pour l’éviter, ces derniers temps, qu’il en était presque venu à oublier la douceur de son visage et la dureté contrastante de ses yeux lorsqu’elle était fâchée. Heureusement pour lui, l’énervement n’était que passager et son regard s’adoucit. Parfois, il se demandait si Nienna se rendait compte qu’elle assassinait les gens avec ses yeux ou si tout cela était purement inconscient.

    Tu es comme mon frère, Dalaigh. Je ne remettrai jamais en question notre amitié pour un amour quelconque.

    Là n’est pas le problème, ni la question d’ailleurs. Je ne me permettrais pas non plus de remettre notre amitié en jeu mais je n’arrive pas à cerner Selwyn. Je ne lui fais pas confiance. Pas que tu ne sois pas assez forte pour te défendre en cas de besoin, loin de là, mais… Je ne sais pas… Laisse tomber, veux-tu ?

    Le jeune homme s’était replongé dans son parchemin, ignorant le soupir agacé de son amie.

    Flashback

    Sentant un mouvement de recul de la part de Nienna, Dalaigh se demanda un instant ce qu’il avait pu dire qui effrayerait la femme aussi violemment. Il se remémora alors sa dernière question et comprit que, de toute évidence, la brune ne portait pas Chess dans son cœur. D’ailleurs, y avait-il quelqu’un qui le porte dans son cœur ? Qui l’accompagne au quotidien ? Il n’en savait rien, n’était pas sûr de le savoir un jour et encore moins sûr de vouloir le savoir. L’homme aux multiples tatouages se retourna, dévisageant son amie avec un regard interrogatif.

    Aux dernières nouvelles, il serait mort, mais j’en doute. Sinon, je ne sais rien, si ce n’est que tu ne devrais pas t’approcher de lui. S’il te plaît.

    Un air de surprise passa sur le visage de Dalaigh, le temps d’une fraction de seconde. Chess ne pouvait pas mourir, ce que Nienna disait devait être faux. Bien sûr que c’était faux. Il était tout simplement impossible que l’homme au corps de femme, approchant de la centaine d’années mais en paraissant vingt-cinq, meurt. Et surtout, pourquoi la brune tenait à ce qu’il reste loin de Chess ? Si elle ne le connaissait pas, elle n’avait rien à en craindre. A moins que cette peur ne soit viscérale, bien entendu.

    Tu as raison, partons. Ce n’est plus un endroit pour parler.

    Dalaigh fronça les sourcils mais suivi Nienna, notant cependant l’air de peur qu’elle avait affiché sur son visage, sans même s’en rendre compte. Elle ne l’aimait pas, le craignait selon toute vraisemblance. Mais elle disait ne pas le connaitre. Qu’est-ce que cela cachait donc ? L’air de la rue sembla remettre les idées en place à Madame Selwyn et il lui prêta son bras pour marcher. Il n’avait aucune idée de la direction qu’il prenait, ni même s’ils avaient une direction, mais il suivait Nienna. Comme la plupart du temps.

    Je n’aime pas cet homme. Il ne m’inspire pas confiance pour le peu de fois où j’ai croisé son chemin. Qu’as-tu avec lui ?

    Je n’ai rien de spécial. Il est venu à la Divine Comédie et nous avons… Discuté. Entre autre. Mais je retiens tes conseils, ne t’inquiète pas.

    Il avait toujours su qu’elle n’appréciait pas qu’on lui mente mais n’avait jamais essayé le mensonge par omission. Continuant à marcher dans l’air frais de la nuit, il laissa le silence s’installer. Il aurait pu continuer sur le fait qu’elle n’avait pas confiance en Chess, et que lui n’avait jamais eu confiance en Sahel mais que Nienna, têtue comme elle l’était, ne l’avait pas écouté. Elle se serait certainement vexée, se serait renfermée et leur soirée aurait été ruinée. C’était principalement parce qu’il ne voulait pas que ça arrive qu’il se taisait, profitant du chant léger des grillons qui se faisait entendre au loin.

    Où allons-nous, au juste ?
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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeVen 7 Juin - 8:44

Je n’ai rien de spécial. Il est venu à la Divine Comédie et nous avons… discuté. Entre autre. Mais je retiens tes conseils, ne t’inquiète pas.

Discuté. Préférant ne pas relever, le silence s’installait entre les deux jeunes gens qui foulaient les pavés de pierre du sentier construit, traversant les rues et ruelles du quartier londonien qui les avait emmenés au manoir ce soir-là. Un pressentiment lui indiquait que ça n’avait pas seulement été une simple discussion. Mais que dire ? C’était son droit que d’avoir ses secrets. Le manteau noirâtre, volant au gré de leurs pas derrière la silhouette de Nienna accompagnait la simple veste que portait Dalaigh. Ils avaient toujours été différents, ils l’avaient probablement su dès leur toute première rencontre. Pas seulement physiquement, entendons-le, particulièrement depuis qu’il arborait ces ornements. Pas seulement du fait qu’elle soit une fille et lui un garçon. Caractériellement parlant, ils pouvaient s’avérer être les deux opposés. Prêts à s’interposer l’un contre l’autre dans une discussion qui aurait pu s’envenimer sur un sujet sensible, bien que ce ne soit pas  dans leur genre, habituellement. Cela étonnait. Surtout les professeurs. Mais peu leur importait à ce moment là, comme aujourd’hui et pour les années restantes.

Où allons-nous, au juste ?
Tu verras.

Oui, elle attendait cette question. Qui ne s’interrogerait pas alors qu’on le traînait à l’aveugle ?
Il était impressionnant de voir à quel point les rues immensément grandes ou ridiculement petites, pouvaient devenir effrayantes la nuit tombée. Entre la hauteur des habitations qui se ressemblaient toutes et les vitrines fermées comme à l’abandon des magasins fixes ou ambulants, il y avait de quoi faire un scénario épic. Peu importe, ils continuaient de marcher, comme ça, dans le silence de leurs murmures intérieurs. Pensait-il ? A quelque chose en particulier ? Elle ne le savait. Mais elle s’en fichait éperdument en ce moment. Elle voulait l’emmener là où tout avait commencé. Là où ils s’étaient réellement rencontrés.

Donne-moi ta main, s’il te plaît.

Flashback.

Tu lis quoi ?
Quelque chose qui ne t’intéresserais pas.

Le claquement sourd des couvertures opposées du livre résonna dans le silence du parc, encore vide devant l’heure matinale. Il ne faisait pas chaud, juste la température qu’il fallait pour profiter d’un peu de calme. La main de la jeune fille cachait le titre du bouquin qu’elle lisait depuis maintenant probablement presque une heure, sans interruption. Quel âge avait-elle ? Onze ans ? Oui, c’est cela. Ou dans tous les cas, elle ne tarderait pas à les avoir. Qu’importe. Les deux adolescents, le garçon bien plus âgé que la fille aux côtés de laquelle il était assis, s’affrontaient d’un regard différent. L’un souriait tandis que l’autre le méprisait. Il n’est pas difficile de savoir qui.

Montre-moi ton livre.
Fous le camp, je ne sais même pas qui tu es.

La brunette résista des mains poignantes qui voulaient s’emparer du livre et le gardait à présent près de sa poitrine. Elle s’était levée. Elle n’appréciait pas le défi. Le chamboulement qu’elle venait de connaître ne la rassurait pas. Alors qu’on lui porte préjudice pour un simple livre l’agaçait. Fortement. Quelques pas en arrière l’emmenèrent à environ cinq mètres du banc sur lequel elle se trouvait auparavant. Cinq mètres qui ne furent pas difficile à rattraper.

Allez, montre-moi, je suis un sorcier, comme toi.
Raison de plus pour que tu ailles te faire foutre.

Elle n’avait appris son statut que depuis quelques jours. Malgré sa date d’anniversaire étant en janvier, ils avaient décidé de l’intégrer dès cette année au château de sorcellerie, l’arrachant donc un petit peu aux griffes de l’orphelinat. Un avenir qui l’enchantait et en même temps, qui lui faisait affreusement peur. Le livre sur la magie qu’elle détenait entre les mains l’aidait à se rassurer quelque peu. Lui, en face, lui paraissait être dangereux. Pas quelqu’un auquel elle s’attacherait au château s’ils devaient s’y retrouver.
La main qu’il tendit pour lui attraper le bras fut plus forte qu’elle et son petit corps d’enfant.

Lâche-moi !
Elle t’a demandé de la lâcher, je crois.

Son regard dériva vers le visage d’un enfant similairement âgé. Elle ne comprit pas la suite des évènements. Elle s’écarta, prise par un sentiment d’anxiété et une peur qu’elle ne se connaissait pas. Comme si elle traversait les évènements les plus coûteux à sa vie, un trait de son caractère et de sa personnalité avait particulièrement changé depuis l’annonce de son statut de sorcière. Le, moitié mensonge qu’avait été fait à l’orphelinat pour qu’elle parte, le ravissement qu’elle quitte enfin les lieux, bien qu’elle n’est jamais spécialement été détestée. Elle observait ces deux garçons s’affronter verbalement. Puis elle détourna le regard, s’écartant autant qu’elle le pouvait. Elle désirait partir, mais quelle preuve de lâcheté quand quelqu’un venait vous aider. Alors elle attendait.

Je te remercie, c’était gentil de ta part.

Puis elle disparu.
Sans attendre un mot, un geste, un sourire.
Elle disparu.

Flashback.

Te rappelles-tu ?

Dalaigh et Nienna se retrouvaient dans ce même parc dans lequel ils s’étaient connus des années auparavant. En réalité, ce n’était pas tant pour la symbolique qu’elle l’avait emmené ici. On se fichait généralement de savoir où est-ce que deux personnes s’étaient rencontrées, elles-mêmes ne se rappelaient souvent plus du lieu exact. Non, c’était plus par souci et par désir d’un nouveau départ. Depuis combien de temps ne s’étaient-ils pas parlés comme ils le faisaient en ce soir ? Des années. Oh oui, des années. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui dise quoique ce soit. Femme qu’elle était devenue et homme qu’il s’entichait à être ne désiraient autre chose que de poursuivre la vie qu’ils avaient toujours voulu avoir, d’une manière ou d’une autre, consciemment ou pas. Rien n’avait bougé, à vrai dire. Les mêmes fleurs encadraient les mêmes bancs et pourtant, ce n’était pas la saison des bourgeons. Comme si le temps s’était figé, les chemins de terre qui traçaient l’allée qui en dessinait l’entrée. Elle s’écarta, tout comme autrefois. Avança en le laissant derrière elle. On ne savait si elle attendait quelque chose. Ou quelqu’un. Elle donnait la sensation de réfléchir et s’adonner à un mutisme qui éveillerait les soupçons ou endormirait les mœurs. Elle avançait, à pas lents. Feutrés. Puis, elle s’arrêta. Refusant toujours de pivoter sur soi-même pour gratifier un quelconque regard.

Je lisais un livre sur la magie. Je venais d’apprendre que j’étais une sorcière. J’allais faire ma rentrée à Poudlard. Je ne savais pas si c’était bien ou mal. Je ne savais pas à quoi m’attendre, si j’allais devenir quelqu’un.

Cela faisait des siècles qu’elle n’avait pas avoué ce manque d’identité. Elle n’avait jamais eu besoin de le faire, surtout auprès de Dalaigh. Elle n’avait rien eu à faire.

C’est sûrement idiot. Mais je vois bien l’idée d’un nouveau départ, ici. L’idée d’un « serment inviolable. »

L’idée n’était pas réelle. Et même s’ils le voulaient, ils n’avaient pas d’Enchaîneur à disposition. Silencieusement, elle se demandait ce que cela aurait donné, si dans leur bêtise enfantine mais humaine, ils s’en étaient fait un à l’époque du collège.

Ils seraient sûrement morts, comme le veut la tradition du sortilège.


Dernière édition par Nienna Selwyn le Mar 30 Juil - 16:04, édité 1 fois
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Dalaigh B. McLaughlin

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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeJeu 20 Juin - 9:45



    Où allons-nous ?

    Tu verras

    Nienna était de toute évidence énervée contre lui. Peut-être le mot énervée était-il trop fort, mais c’est celui qui lui venait naturellement à l’esprit. Quand une femme vous répond sèchement, que ses yeux sont durs et que tous les muscles de son corps sont visiblement tendus, alors c’est qu’elle est énervée. N’est-ce pas ? Dalaigh ne répliqua pas, la suivant docilement entre les rues noires de la ville. Le silence s’étirait comme le fil incassable d’une toile d’araignée, ténu et pourtant si présent lorsque la sensibilité était exacerbée. Les vitres luisaient grâce aux lampadaires qui éclairaient rarement la chaussé, avant de retomber dans leur noirceur floutée.

    Donne-moi ta main s’il te plait.

    Les doigts s’entremêlèrent dans un geste connu, mémoire sensorielle. Sous leurs pas, les branches craquaient à intervalles irréguliers, faisant parfois croire à l’homme d’encre que quelqu’un les suivait. Pas que cela soit impossible, Nienna était tout autant que lui connue dans les sphères de la haute société et les protections misent en place par certaines personnes pouvaient très bien être derrière eux sans qu’ils s’en rendent vraiment compte. Et il pouvait aussi s’agir d’une menace. Mais dans ce cas-là, les deux sorciers savaient parfaitement comment gérer le problème, rapidement et, avec un peu de chance, sans trop salir les alentours.

    Le silence s’éternisa à nouveau, tandis que les oiseaux gazouillaient dans les arbres. Le vent frais amenait jusqu’à eux les bruits d’une rivière lointaine, ainsi que les roues crissant sur l’asphalte. Mais bientôt, ces bruits disparurent. Les arbres qui se dressaient autour du parc dans lequel ils étaient entrés formaient un cocon protecteur, gardant intact la faune, la flore et leurs souvenirs.

    Tu te rappelles ?

    Bien sûr.

    Flashback

    Dalaigh aimait se promener dans le parc, même lorsque le temps ne le permettait pas. Ou ses parents. Dans les deux cas, l’atmosphère que dégageait cet endroit le calmait, lui permettait de respirer calmement, sans réfléchir et sans obéir. Le calme… Le calme… Les yeux du garçon se fermaient lentement, son souffle s’appaisa. Ses muscles se détendirent et...

    « Allez, montre-moi, je suis un sorcier, comme toi. »

    Raison de plus pour que tu ailles te faire foutre.

    Un petit soupire échappa au jeune garçon, mais cela ne lui empêcha pas de se relever sur les coudes, jetant un regard autour de lui. Deux enfants, de son âge à peu près, semblaient se disputer à cause d’un livre. La fille ne paraissait pas terrorisé mais énervée, blasée peut-être. Les yeux de l’autre garçon, par contre, brillaient d’un éclat mauvais. Le livre n’était probablement qu’un prétexte et, quand il saisit le bras de la fille, Dalaigh se leva d’un bond et marcha en direction des deux autres.

    Lâche-moi !

    Elle t’a demandé de la lâcher, je crois.

    Sa voix était encore fraiche, enfantine, pourtant aucune nuance de peur ou d’hésitation ne se faisait entendre. Il était sûr de lui, sûr que si le garçon qui tenait le bras de la jeune fille au livre ne lui obéissait pas, il allait amèrement le regretter. Un des principes que ses parents lui avaient enseignés était le respect des personnes de son rang. Or, celle qui serait ensuite son amie brillait de cet éclat propre au sang-pur. Sa détermination formait autour d’elle une aura quelque peu effrayant pour celui qui n’y était pas habitué. La dispute verbale s’allongea, tandis que la jeune fille, libérée de l’étreinte forcée, reculait lentement. Une fois le problème réglé, l’autre garçon partit en grommelant qu’il les retrouverait et qu’il se vengerait. Exaspéré, Dalaigh leva les yeux au ciel avant de se tourner vers la fille, lui demandant si elle se sentait bien.

    Je te remercie, c’était gentil de ta part.

    Puis elle disparut. Sans un mot de plus, sans un geste de trop, sans un sourire. Elle disparut et Dalaigh se sentit un peu triste. Il ne savait pas encore que, plus tard, ce serait à son tour de disparaitre comme cela, faisant Nienna se sentir triste.

    Flashback

    Je lisais un livre sur la magie. Je venais d’apprendre que j’étais une sorcière. J’allais faire ma rentrée à Poudlard. Je ne savais pas si c’était bien ou mal. Je ne savais pas à quoi m’attendre, si j’allais devenir quelqu’un. C’est sûrement idiot. Mais je vois bien l’idée d’un nouveau départ, ici. L’idée d’un « serment inviolable.

    Dalaigh tressaillit. Le « serment inviolable » avait toujours sonné dans son esprit comme une contrainte magique à faire quelque chose que l’on ne souhaiterait peut-être plus dans les années à suivre. Il espérait profondément que ce n’était qu’une idée, pas une demande. Il n’hésiterait pas une seconde à refuser ce sort, même s’il s’agissait là de Nienna. De plus, ils n’avaient pas d’enchaîneur. Ce qui l’arrangeait particulièrement.

    L’idée d’un nouveau départ me plait. Mais le « serment inviolable » serait une erreur. Je ne comprends pas ce qui peut pousser des personnes à promettre quelque chose, en sachant qu’ils y risquent leur vie…

    Le silence fit son apparition, encore. Dalaigh soupira, passa une main lasse sur son visage et avança dans le dos de son amie, fermant ses bras autour de sa taille dans un geste de protection autant que de pardon. Si elle tenait à cette idée de serment, alors il l’avait blessée. Et ce n’était de loin pas son but.

    Tu sais…

    Un sourire tira les lèvres encrées de l’homme avant qu’il ne les dissimule dans les cheveux bruns de son amie.

    Tu m’as manqué. Et j’ai été un imbécile de ne pas te le dire plus tôt.
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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeSam 22 Juin - 14:16

Désolée:


L’idée d’un nouveau départ me plaît. Mais le « serment inviolable » serait une erreur. Je ne comprends pas ce qui peut pousser des personnes à promettre quelque chose, en sachant qu’ils y risquent leur vie.

Silencieusement, Nienna sourit. Rit presque, même. Elle avait été trop subtile. Trop incompréhensible pour qu’il saisisse la mesure de ses paroles. Elle devinait, derrière ses mots, ce doute et ce chevrotement de voix, l’inquiétude de blesser son amie quant au refus de se sceller à un serment inviolable. Ce n’était pas son but. Aucunement son but. Mais elle savait qu’une vérité ne se cachait jamais. Elle attendait simplement le bon moment, celui où il comprendrait par lui-même la portée de ses mots. Celui où il comprendra quand il portera son fils dans ses bras. La jeune femme laissa les bras puissants de son ami lui entourer la taille, cherchant un peu de réconfort mais aussi un peu de douceur, bien qu’elle n’en manque pas vraiment avec son mari. Cependant, ce n’était pas la même douceur. La même étreinte. C’était ce genre de tendresse qui avait bercé ses années au château de sorcellerie.

Tu sais…

Le souffle régulier de Dalaigh s’immisça dans la chevelure de Nienna, lui arrachant un sourire.

Tu m’as manqué. Et j’ai été imbécile de ne pas te le dire plus tôt.

Surprise n’était pas le mot qui définirait ce qu’elle ressentait après les quelques mots que le trentenaire venait de prononcer à son égard. Surprise, non, elle ne l’était pas. Il était simplement rare à ses yeux que Dalaigh se laisse aller à ses sentiments. Oh, peut-être avait-il toujours été différent avec elle qu’avec les autres personnes, sorciers autant que moldus, mais là, là était chose difficile pour lui que de dire trois ou quatre simplistes mots. Elle se doutait bien que l’amour qu’il avait vécu, qu’il vivait encore avait un peu plus renfermé le cœur tendre du jeune homme. Ses mains se déposant tendrement sur les siennes, elle laissa ses pensées de côté pour profiter de cette complicité ravivée au fil des heures. Elle cherchait les mots justes, mais lesquelles étaient-ils lorsque vous viviez de tels moments ? Le temps qui les ont séparés ne rendait en rien facile leurs retrouvailles, particulièrement avec tous les événements qui définissaient et construisaient leur vie à présent. Douze ans. Douze ans d’absence, de lecture de journaux pour voir son nom apparaître dans n’importe quelle rubrique, de doutes, de peur, de désespoir, de manque, de tristesse, de joie seulement ressenti à demi à cause de son absence. Elle se rappelait avoir cherché son visage dans l’assemblée assistant à son mariage. Dans celle où ils avaient, Sahel et elle-même, présenté leur fils. Dans celle de leur premier anniversaire de mariage, suivant la tradition de fêter celui-ci en communauté. Mais rien. Rien. Le seul visage qui lui était resté était celui de la gare.

Je suis contente de te retrouver un peu. Ca me fait beaucoup de bien.

Plus qu’elle ne le pensait. Là, entourée de celui qui avait accompagné toute son adolescence, elle reconnue enfin l’ampleur du manque qu’elle avait ressenti et l’habitude malsaine qu’elle avait prise de ne plus essayer de le contacter, dépitée. A cette époque, elle s’était dit que si le destin décidait de les remettre sur la même route, alors ce serait l’instant le plus approprié pour comprendre, poser les questions nécessaires et pardonner.

Pardonner.

J’ai quelque chose à te dire.

Dénouant le lien qui les retenait l’un à l’autre, Nienna tourna son visage pour plonger ses prunelles bleutées dans celles de son meilleur ami. Anxieuse, devinant l’ampleur et la répercussion de ce qu’elle allait lui dévoiler, elle n’arrivait à le dissimuler derrière ces masques qu’elle adoptait quelques fois pour braver ceux qui n’acceptaient pas sa place. Etait-elle seulement capable de mentir à Dalaigh ?

Il y a deux ans, une jeune femme est venue au manoir, lorsque Sahel et Joshua étaient partis sur le Chemin de Traverse pour choisir un cadeau au petit, c’était son anniversaire. Sahel m’avait interdit d’ouvrir à qui que ce soit parce que les temps faisaient que notre union créait des tensions au sein de la communauté. Peu importe. Elle est venue frapper à ma porte. Et s’est présentée en s’appelant Selina.

A cet instant, cette jeune femme qui avait déclenché la curiosité de Nienna était une pure inconnue pour elle. Mais à l’inverse, son regard ne semblait pas vouloir dire que cet inconnu était réciproque.

Elle m’a juste dit quelques mots sur le pas de ma porte avant de repartir, sans que je puisse la retenir, parce qu’à ce moment là, je pensais qu’elle avait simplement lu une couverture de Sorcière Hebdo. Je n’arrivais même pas à savoir si elle était une sorcière. Elle m’a juste dit qu’elle voulait me rencontrer, et que c’était chose faite. Elle n’est plus jamais revenue ensuite. Je ne l’ai plus jamais croisé.

Devait-elle attendre une quelconque réaction ? Ou continuer ?

Tout ce qui compte là-dedans, et Dalaigh, je t’en supplie, ne m’en veux pas, c’est que je pense l’avoir retrouvée. J’ai su que ce n’était pas pour une couverture du journal quand j’ai eu la réponse que mon article n’avait pas été publié sous peine des poursuites que j’allais leur infliger. Alors, je me suis demandée pourquoi elle donnait l’impression d’avoir tant voulu me rencontrer. Et je l’ai cherché. Je comprendrais que tu ne veuilles pas la retrouver, me croire ou je ne sais quoi d’autres. Laisse-moi juste te dire que je pense qu’elle se trouve en Russie. Sous une autre identité.

Elle ne savait si les révélations qu’elle venait de faire à Dalaigh en valaient la peine, mais elle savait qu’elle ne pouvait lui cacher ce « détail » qui s’immisçait dans ses pensées depuis qu’il avait prononcé le nom d’un amour perdu. A cette époque, la curiosité l’avait poussé à savoir où se trouvait cette jeune femme, ce qu’elle lui avait voulu, pourquoi avait-elle disparu. Jouer de l’inconscience et de l’incompréhension avec Nienna était une mauvaise idée quand on savait son tempérament à vouloir la vérité, l’unique vérité. C’est ce qui l’avait emmené dans le pays glacial de l’Est, observant la jeune femme qui l’avait visité quelques mois plus tôt servir un client à l’intérieur d’un café avant de transplaner à nouveau pour retourner chez elle.
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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitimeMar 25 Juin - 6:37



    Je suis contente de te retrouver un peu. Ça me fait beaucoup de bien.

    Les mains qui s’étaient délicatement posées sur celles de l’homme défirent délicatement le contact, brisant le lien qui avait, durant un cours instant, lié leurs peaux comme autrefois. La mémoire sensorielle était de toute évidence celle qui fonctionnait le mieux chez Dalaigh et le fait de sentir la douceur de la peau de son amie le ramenait des années en arrière, alors qu’ils étaient encore à Poudlard et où ils avaient l’habitude de s’aider à écrire les mots, les devoirs, les lettres. Leurs doigts s’entremêlant à chaque fois dans un ballet aérien pour savoir qui des deux réussiraient à prendre le contrôle de la plume afin de mettre par écrit les phrases qui lui semblaient les plus justes.

    J’ai quelque chose à te dire

    Un des sourcils de l’homme se souleva, faisant bouger le reste des tatouages avec son étonnement. La voix était grave, presque coupable. Comme si Nienna allait lui avouer quelque chose dont elle n’était pas fière, dont elle se serait volontiers passé de révéler l’existence. Il la connaissait assez pour savoir que, lorsqu’elle commençait ses phrases comme cela, il devait s’attendre à n’importe quoi. Mais la déclaration qui suivit lui fit l’effet d’un coup de poing dans l’estomac.

    Il y a deux ans, une jeune femme est venue au manoir, lorsque Sahel et Joshua étaient partis sur le Chemin de Traverse pour choisir un cadeau au petit, c’était son anniversaire. Sahel m’avait interdit d’ouvrir à qui que ce soit parce que les temps faisaient que notre union créait des tensions au sein de la communauté. Peu importe. Elle est venue frapper à ma porte. Et s’est présentée en s’appelant Selina.

    Le corps de Dalaigh se mit imperceptiblement à trembler, sans qu’il puisse le contrôler. Les images qu’il avait mis tant de temps à faire disparaitre de ses rétines venaient de reprendre leurs couleurs, assénant avec force les meilleurs souvenirs sur les failles de son esprit. Doucement, il s’assit sur le sol, croisant ses longues jambes et posant ses mains sur ses genoux. En apparence, il était calme. Mais ses doigts se serraient par soubresauts sur les os qui se trouvaient à leur portée.

    Elle m’a juste dit quelques mots sur le pas de ma porte avant de repartir, sans que je puisse la retenir, parce qu’à ce moment là, je pensais qu’elle avait simplement lu une couverture de Sorcière Hebdo. Je n’arrivais même pas à savoir si elle était une sorcière. Elle m’a juste dit qu’elle voulait me rencontrer, et que c’était chose faite. Elle n’est plus jamais revenue ensuite. Je ne l’ai plus jamais croisé.

    Dalaigh ne réagissait toujours pas, attendant la suite, déstabilisant son amie avec son silence. Il n’avait jamais été dans ses habitudes de se taire alors que le sujet abordé lui déchirait le cœur grâce aux longs doigts crochus de la douleur.

    Tout ce qui compte là-dedans, et Dalaigh, je t’en supplie, ne m’en veux pas, c’est que je pense l’avoir retrouvée. J’ai su que ce n’était pas pour une couverture du journal quand j’ai eu la réponse que mon article n’avait pas été publié sous peine des poursuites que j’allais leur infliger. Alors, je me suis demandée pourquoi elle donnait l’impression d’avoir tant voulu me rencontrer. Et je l’ai cherché. Je comprendrais que tu ne veuilles pas la retrouver, me croire ou je ne sais quoi d’autres. Laisse-moi juste te dire que je pense qu’elle se trouve en Russie. Sous une autre identité.

    Laquelle ?

    Sa voix, bien plus rauque que normalement, reflétait son déséquilibre, sa surprise et son envie de savoir malgré les vagues de douleur qui déferlaient en lui.

    Sous quelle identité, Nienna ? Semblait-elle au moins triste lorsqu’elle est venue te voir ou était-elle comme comblée par les informations qui atténuaient sa curiosité ?

    Flashback

    Et ta Nienna, alors, tu comptes la tenir au courant de ton retour à Londres ?

    Je ne sais pas. Je ne lui ai pas dit au revoir, tu sais, elle m’en veut certainement. Et tu m’as appris que les femmes vexées peuvent être aussi dangereuses que des hommes entrainés.

    Le rire cristallin de Selina se répercuta dans les rochers qu’ils étaient en train d’escalader. Vêtus d’un simple short et d’un débardeur blanc, les deux sorciers n’étaient différenciés que par la finesse de Selina et l’encre de Dalaigh. Peut-être aussi par les cheveux noirs de la femme, qui volaient au vent en tourbillonnant. Leur but était d’atteindre la plateforme la plus connue de Norvège, celle qui s’avançait au-dessus des fjords en une pointe acérée et fine, bien trop fine pour tenir le poids des corps. Pourtant, cela faisait des années que les touristes et les professionnels s’aventuraient en son bout, se couchant à même la pierre brute pour observer les remous et les vagues qui s’écrasaient sur les parois, quelques centaines de mètres au-dessous.

    Elle te frappera sûrement mais elle sera heureuse de te revoir. Je le sais. J’ai hâte de pouvoir la rencontrer, en tout cas. Je n’ai jamais visité Londres.

    Un sourire passa rapidement sur le visage de l’homme, avant que le silence ne reprenne sa place, parfois brisé par le hurlement du vent à leurs oreilles. Au bout de quatre heures, ils étaient arrivés sur la plateforme. Le lendemain matin, Dalaigh se réveillait. Seul.

    Flashback

    Non, en fait, tait-toi. Je ne veux rien savoir. Elle est partie. Elle est loin. Elle ne reviendra que si elle le veut. Je ne veux rien savoir.

    Les jambes de l’homme réagirent à sa tirade et il se leva rapidement avant de marcher en direction de la sortie. Son cœur tambourinait contre ses côtes, lui faisant mal à chaque battement. Selina n’avait pas le droit d’aller voir Nienna, pas sans lui, pas après l’avoir abandonné. Ses pas le menèrent dans la rue et, lorsqu’il sentit le macadam sous ses chaussures, il transplana dans son appartement, activa les sécurités et s’assit sur le bar de sa cuisine. Sur ses joues coulaient des larmes que sa peau ne sentait pas, tant le squelette d’encre se concentrait pour renfermer les souvenirs que Nienna avait fait réapparaitre. Selina était en Russie. Qu’elle y reste. Pour le moment…
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MessageSujet: Re: « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin.   « Reflect. » ft. Dalaigh B. McLaughlin. Icon_minitime

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