Je ne crois pas au hasard. Pas même au destin. Peut-être les choses sont elles écrites dans un immense livre au nombre de pages que comptent les jours de notre vie, mais il ne m'intéresserait pas de le provoquer. J'aurai pu choisir mon chemin mais tu as décidé de tracer toute mon enfance en me déposant à cette porte. Je ne regrette pas moi-même ta décision, Maman. J'ai pu apprendre les aléas de l'existence. Connaître la méprise et la stupidité des humains. Papa. Était-il là ? Sait-il qui je suis ? Peu importe. Je te veux toi. Tes yeux ivoire, ta chevelure brune. Ou peut-être cela lui appartenait-il ? Toi, face à moi. Retrouver ta peau aussi blanchâtre que celle dont tu m'as fais don. La voir rougir de ton abandon.
La voir bleutée de tes remords.

Deux ans, Sahel, deux ans. Deux ans que nous partageons nos vies et que tu m'accordes le privilège d'avoir un nom. J'aime l'idée que tu m'aimes. J'aime l'idée que quelqu'un ressente cet amour pour moi. J'aime l'idée que ce soit toi. Dalaigh. Seul ton nom résonne comme une évidence. J'aurai pu te tuer ce soir-là, mais même la rancune de ton absence ne vaut rien comparé à l'amour fraternel que je te voue. Je donnerai mon pouvoir et ma vie pour te voir sourire comme tu l'as fais à ce réveillon de Noël, Mademoiselle Smith. Pourtant, la puissance que tu détiens suffirait amplement à décimer une nation. J'aime ton courage et ta persévérance. Ta prévoyance.