« Il n'est de souffrance aussi grande que le souvenir de la joie dans le chagrin présent. »
Le vent te rapporte tes cris. Des cris frissonnants qui laissent derrière eux une sensation de vide. Une sorte d'écho déconcertant qui vous arrache quelques secondes au monde des vivants. Voilà, maintenant tu as froid.. Ce sentiment de mort te fait oublier la chaleur. Cela t'amène trop à cheval entre l'être humain et le monstre. Tu vacilles entre la frontière de ses deux mondes et tu commences à te perdre.
Croisant tes bras, tu décides de faire le chemin en sens inverse. Les flocons te brouillent la vue, mais tu as seulement à marcher droit devant toi. Tu lèves haut les genoux pour pouvoir avancer. Des centimètres et centimètres de neige te ralentissent et à ça, tu souris. Tu sais que d'un souffle, tu pourrais faire disparaître toute cette neige, mais tu veux avoir le plaisir de te surpasser. Tu oublies le dragon et prends le visage d'une Artémis simplement humaine. La neige te brûle alors les jambes. Tes doigts et tes pieds s'engourdissent. Le vent glace tes cheveux. Tu sens ton corps souffrir, mais tu ne t'arrêtes pas. Le seuil de ton univers n'est pas loin. Déjà, tes talons frappent la pierre et une porte que l'on croirait inexistante s'ouvre devant toi. Mike apparaît alors ton peignoir à la main.
« J'allais vous chercher... »Un sourire aux lèvres, tu franchis la porte et le laisses poser sur tes épaules le vêtement en question. Une de ses mains se pose alors sur toi. Il sait que tu regardes le gigantesque portrait de ton père. Tu voulais que chaque personne entrant ici se sente intimidée par ce tableau qui du regard vous jugeait. Les mains sur les hanches, ton père est comme le gardien de ce lieu secret.
« Ce soir, je veux un splendide dîner. Je veux que Phillip pense être au palais de Jade. »Mike te fait un sourire et acquiesce. Vos regards bleus se croisent et tu esquisses un sourire forcé avant de commencer à t'éloigner.
« Ce soir, vous aurez la visite d'une personne... Elle m'a demandé de ne rien dire, mais vous détestez les surprises. Je terrais donc son nom. »Dos à Mike, tu avais arrêté d'avancer. Tu réfléchissais quelques secondes à l'identité de cette personne. Il ne pouvait s'agir que de deux sorciers dont l'un était ton défunt père. Alors, il ne restait plus que Dalaigh qui pourtant ne connaissait pas l'emplacement exact des lieux. Tu pensais alors que Mike, c'était proposer à le conduire jusqu'ici. Tu hausses alors les épaules. Après-tout qu'il soit là ou non t'importe peu. Tu espères simplement qu'il ne viendra pas gâcher le dîner.
Tu reprends alors ta marche et entre dans un salon rouge et or. Le bruit du parquet sous tes chaussures te ravit. Des souvenirs de bals te reviennent. Tu te revois forcer Scorpius à danser, tu repenses à Matthias et sa galanterie légendaire, tu te surprends même à te souvenir d'un slow amoureux entre ton frère et Mia. Tu te souviens de tout, même de la joie que tu avais pu ressentir lors de ces évènements.
T'approchant de la cheminée, tu découvres Ulrick assis sur un canapé une cigarette dans la bouche. Sur ces genoux, tu remarques ce torchon de Gazette. Il le jettera dans le feu en te regardant t'asseoir à côté de lui. Un tissu de connerie, même si tu as souri lorsque tu as lu la disparition de ce Tobias. Tu espères qu'il aura été écrasé par ton 37 dans la bataille.
« Vous voilà enfin... Je me demandais si je ne devais pas aller jouer au dragon sous la neige. »Un sourire aux lèvres, tu posais ta main sur celle qu'il venait de poser sur ton genou. Ta main glacée lui fit retirer sa patte baladeuse et tu te mettais à ton aise. Ta tête venait se poser sur un coussin pendant que tu étalais tes jambes sur les genoux d'Ulrick. Le Suédois en levait les sourcils avant de tirer nerveusement sur sa cigarette.
« Pour le dîner de ce soir, vous mettrez vos habits de prince et ferez en sorte que Phillip se sente comme un roi dans son palais.»Le prince te regarda, glissa ses doigts sur tes jambes et se pencha vers ton visage. Il retira de ses lèvres sa cigarette avant de l'éteindre sur le canapé. Tu fronças alors tes sourcils et attendis qu'il joue son sorcier tombeur.
« Si je peux boire tout en vous regardant, je ferrais ce que vous voulez.»
Tu esquissas un sourire et posas ta main sur son torse l'empêchant de se rapprocher d'avantage.
« Si par votre faute, il quitte la table, je ferais en sorte que La Divine Comédie ne vous ouvre plus jamais ses portes. »Un long silence s'installa. Ulrick devait alors se sentir trahi.